“Le Bossu”, roman de Paul Féval a connu neuf adaptations à l’écran. Depuis 1959, la réalisation d’André Hunebelle (son meilleur film) paraissait insurpassable tellement l’interprétation de Jean Marais était inapprochable. Daniel Auteuil, un des derniers grands acteurs du cinéma français, même trop âgé d’une dizaine d’année pour le rôle (comme Jean Marais), livre une interprétation subtile et ambiguë, conforme au scénario de Philippe de Broca, Jérôme Tonnerre, Jean Cosmos. Ainsi les personnages sont complètement retravaillés, à commencer par le Comte de Gonzague que Fabrice Luchini bonifie d’une verve décalée, appuyée sur une lâcheté absente du roman. Le casting est globalement soigné, comme Marie Gillain qui apporte sa fraîcheur à Aurore de Nevers, ou Philippe Noiret en Duc D’Orléans dont chaque apparition est un régal, ou encore Vincent Perez en brillant et séduisant Duc de Nevers, et, comme souvent chez le réalisateur, les petits rôles sont excellents. Mais surtout, la mise en scène à la fois nerveuse, précise et parfois contemplative (extérieurs magnifiques) fait preuve un niveau de maîtrise inconnu dans le cinéma d’Hunebelle. Par une construction et une réalisation ultra classique, de Broca évite toutes les dérives, certaines réussies (« Cartouche », « L’homme de Rio », « Le magnifique »), d’autres ratées et pesantes (« Les tribulations.. », « Les caprices de Marie », « L’incorrigible ») auquel le film de cape et d’épée peut aisément mener. Ou pire, le cinéma plan-plan, type les « Pardaillan » de Bernard Borderie. « Le Bossu » est au contraire constamment brillant, juste et captivant, tout en contenant une dose d’humour propre au réalisateur, apportant ainsi une dimension supplémentaire, absente du roman. Malgré une fin qui fonctionne difficilement, laborieuse et peu crédible, c’est le dernier grand film de Philippe de Broca.