Le Dieu d’osier version 1973 est surement un des films de genre les plus réussis des années 70, offrant une histoire béton avec des acteurs très convaincants.
Le casting en effet est transcendant. Il est porté par un Edward Woodward absolument brillant, qui offre une très solide prestation de jeune policier britannique rationnel et quelques peu buté, qui naviguent en plein brouillard sur cette île. Il est tout à fait au niveau, même si à mon sens la prestation de Cage dans le remake de 2006 avait, notamment dans la dernière partie, une quasi aliénation qui m’avait davantage séduit. Face à Woodward on se retrouve avec un Christopher Lee tout à fait à sa place, qui apparait peu mais bien, et qui impose son physique particulier en lord Summerisle. C’était à mon sens l’acteur parfaitement choisi ici. Pour le reste le film s’appuie sur des seconds rôles tout à fait à la hauteur et enthousiasmants avec leurs personnages mystérieux, inquiétants, et souvent têtes à claques.
Le scénario est très rondement mené. Le film est court, il commence vite, le suspense est excellent (sauf si vous avez vu le film de 2006 mais le résultat est toujours concluant), on nage en plein mystère sur cette ile, comme le héros. J’ai trouvé par ailleurs une grande modernité dans la narration de cette histoire, le style adopté, et le film ne lésine pas sur des scènes surprenantes, et audacieuses, comme la danse nue d’une jeune fille sur une chanson qui a quelque chose d’hypnotisant. Etonnant ! Globalement c’est vraiment du très bon divertissement, mieux rythmé et plus fluide dans sa narration que le métrage de 2006, avec une histoire qui va plus à l’essentiel et évite de trop se disperser.
La réalisation est remarquable. Le film est doté d’une mise en scène très soignés, qui avec simplicité sait souligner les moments importants et les mettre en valeur. Bien sûr on notera de ce point de vue le final, impressionnant, mais l’utilisation des décors, le travail sur les regards aussi des différents acteurs est une franche réussite. Le film qui peut en effet compter sur de très bons décors, avec de sublimes paysages. Je regrette un peu que le film ne cherche pas davantage à creuser une ambiance, plus inquiétante ou au contraire plus confiante, là où le métrage de 2006 prenait un parti-pris plus franc. Du coup c’est vrai que le film de Robin Hardy manque un peu de personnalité à ce niveau. Sinon nous ne sommes pas ici réellement dans un film d’épouvante ou d’horreur, mais tout à fait dans le suspens qui pourra néanmoins receler des choses bien sombres. Enfin je relève un travail absolument exceptionnel sur la bande son. C’est totalement immersif, avec une musique aux consonances celtiques très bien trouvé et des chansons qui apparaissent régulièrement mais qui sont toutes d’une beauté rare. Là c’est carton plein.
Au final Le dieu d’osier est un film de très bonne facture, qui reste un des incontournables des années 70. Porté par une histoire très bien menée et fort originale, le film a quelques petits défauts, mais rien qui ne puisse gâcher le plaisir. Même si le film de 2006 est loin de démériter, il faut avouer que la version de 1973 a quelque chose d’avant-gardiste et une efficacité brute qui la rend supérieure. 4.5.