Bon, La Femme guêpe c’est le genre de petite série B horrifique dont nous a abreuvé Roger Corman, et qui ici n’est clairement pas une réussite.
Un bon point quand même, le casting, et surtout une très solide Susan Cabot, qui porte un rôle intéressant de directrice d’une boite de cosmétique qui refuse de vieillir. L’actrice montre un bon talent et sa prestation est un des atouts du film, qui pour le reste peut quand même s’appuyer sur des acteurs honorables. Michael Mark est un savant fou assez efficace, et de manière générale les interprètes prennent le métrage avec un sérieux louable, d’autant que ce ne devait pas être des plus aisés.
En effet, l’histoire est totalement improbable, et peut se résumer ainsi : une cosmétique à base de gelée royale fait de celui qui la prend une vilaine guêpe géante ! Voilà, c’est résumé. Le film n’a presque pas de rebondissement, un comble pour un métrage qui dure 1 heure 12. Le début est peu utile, la fin est bâclée, et on se surprend presque à ne pas s’ennuyer davantage. Il est vrai que Corman généralement a quand même un certain sens de la narration, et son film, tout handicapé qu’il soit en ne reposant que sur son concept insuffisant pour faire un long métrage, reste finalement regardable, et même pas complétement déplaisant.
Visuellement le résultat n’est pas complétement raté. La photographie est une réelle réussite, avec un noir et blanc de qualité et un travail sur les contrastes intelligents (notamment lorsqu’il s’agit de cacher les maquillages très lacunaires de la créature). Corman signe une mise en scène timide, qui ne fait pas d’étincelle, et on sent le produit vite emballé. Néanmoins c’est quand même sur les décors que La Femme guêpe ne fait pas la meilleure impression. Là c’est minimaliste, le film se déroulant dans un bureau, deux couloirs, une pièce extérieure, et un resto (qui se limite à une table et trois chaises !). Là ce n’est pas convaincant, et les seules scènes en extérieur sont celle du début. Pour le reste faibles maquillages et peu d’effets horrifiques comme on peut l’imaginer. Celui qui sursautera aujourd’hui devant La Femme guêpe n’est probablement pas encore né ! La bande son est très classique, avec un ton dramatique et grandiloquent typique de ce genre de film de monstre des années 60.
Bon, en clair voilà un Corman bien mineur, qui n’est pas totalement dénué de qualité, mais qui est en fait typiquement une petite production sans grande ambition vite faite pour un public pas exigeant à l’époque. Autant dire qu’il faudra être très aimable pour l’apprécier vraiment aujourd’hui. Mais enfin, au moins je ne me suis pas ennuyé, c’est déjà cela, et cela montre que Corman, même quand il se loupe est capable d’avoir un sens narratif percutant. 1.5.