Décidément, lorsqu’on est artiste, on l’est pour tout. S’il était clair même pour l’inculte que Bob Geldof était juste un acteur dans The Wall d’Alan Parker, le fondateur des Whos fait vraiment illusion dans son opéra rock cinématographié. Les deux films ont en commun d’être musicaux et d’explorer la psyché d’un enfant que la guerre éprouve, et qu’on laisse aux affres d’un baby boom déifié en tant que révolution culturelle à partir de 1968.
Ces films sont les pourquois du flower power, les waller blowers qui vont de l’autre côté du miroir. Comme Tommy, joué donc par Roger Daltrey, un enfant dont le trauma va lui faire passer les années 50 et 60 comme dans un songe, celui-là même qu’en ont conçu les fumées hippies. Traversant ces limbes au rythme de la batterie de Keith Moon (un rythme endiablé… comme son petit rôle, et lui-même en fait), l’opéra prend des airs de sketches, fugacement éclairé par le passage de noms immenses comme Tina Turner, Eric Clapton, Elton John ou Jack Nicholson.
Ils ont tous chanté, apportant leurs pierres parfois mal arrondies à l’immense cathédrale musicale où règne Tommy, qu’on a tenté de guérir à coups de corps du Christ enfermé dans des gélules bleues, ou de son sang en soda. Nulle surprise, en fait, que sa seconde naissance le rende inaccessible à ceux-là même à qui il voulait dispenser l’amour ; c’est d’indifférence qu’il nourrit ses fidèles, des disciples capitalistes désillusionnées où s’expie enfin le crime d’un meurtre guerrier. Les ouailles des Whos (!) sont le rappel, bien nécessaire celui-là, que les grands évènements de l’Histoire ne sont pas des bouées immobiles qu’on laisse dans notre sillage.
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