Oeuvre mineure du très grand Fritz Lang, Das Wandernde Bild, plus connu sous le nom de L'image vagabonde, est pour le moins déroutant lorsque l'on sait, par exemple, que Docteur Mabuse sera réalisé deux ans plus tard. Aujourd'hui, le moyen-métrage est sous l'emprise de la vieillesse et du temps; les images sont laides, la restauration inexistante. Le visionnage souffre d'une qualité technique effroyablement pauvre. La synopsis, à première vue simpliste, illustre le combat d'une femme contre l'harcèlement d'un homme, John, dont la signification se rapproche plus du symbole que de la dénonciation du statut de la femme entre les deux sexes opposés. Ancré dans la suggestion et le second degré, il ne faut pas prendre cette histoire argent comptant; il n'a pas d'ailleurs la grandeur esthétique et intellectuelle des futurs films de l'auteur. Pourtant, on remarquera dans la réalisation une grande importance qu'accorde le cinéaste à la nature; la victime erre dans la montagne, s'écarte de la civilisation pour se retrouver seule dans un décor dépourvu de toute trace humaine, si ce n'est ce refuge qu'elle rencontrera par hasard tout comme des personnes "simples" et vus, de l'oeil de Fritz Lang, comme une source de calme et repos bénéfique qui nous éloigne de la terreur citadine. Cette vision mérite que l'on s'y attarde dans le sens où la comparaison avec son plus grand chef d'oeuvre, Metropolis, s'en éloigne et s'en rapproche. En effet, s'il s'en rapproche, c'est dans le fait que la ville est vue comme un monstre; s'il s'en éloigne, c'est dans sa dimension plastique : le réalisateur filme essentiellement la nature, pas la ville. Ainsi, on peut regarder L'Image vagabonde comme étant une sorte de préambule à la pensée de l'artiste, bien que l'ensemble n'y dégage aucun suspense ni émotion véritable. Toutefois, l'intérêt réside dans notre soif de comprendre le début non seulement d'un immense réalisateur mais aussi d'en extirper les thèmes précurseurs de ses oeuvres futures.