Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Caine78
6 839 abonnés
7 398 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 10 septembre 2018
Ce qui m'a autant donné envie de voir « La Dame d'onze heures », c'est ses premières minutes. Narration étonnante, mise en abyme, « théâtre de marionnette » où chacun n'est qu'un élément du puzzle : pour un film de l'époque, c'est extrêmement rare et vraiment à signaler. Malheureusement, cette audace était vraiment pour l'introduction, car l'on revient très vite à quelque chose de beaucoup plus classique, voire un peu poussif par moment. Une enquête policière de facture correcte, jouant plutôt bien de l'aspect mystérieux d'une disparition, si bien qu'il n'est évident de devenir ni le fin mot de l'histoire, ni le coupable. Jean Dréville a parfois de bonnes idées et peut compter sur un fort joli casting, notamment du côté des seconds rôles, à l'image d'un Jean Tissier plus présent que de coutume. Maintenant, au vu des promesses initiales, on était en droit d'attendre plus qu'un polar d'honnête facture plutôt bien emballé, mais ne retrouvant jamais réellement l'audace de son début : dommage, il y avait vraiment de quoi faire plus que ce polar par ailleurs solide et divertissant.
Rendez-vous à 11h dans un asile de fous avec une personne mystérieuse. Tel est le propos réjouissant. Il y a un guêpier dans cette histoire. Certains savent et d'autres non. Une piqûre mortelle façon "cigares des pharaons" de Tintin. C'est parfois opaque et l’enquête ne semble évidente que pour Meurisse mais c’est sombre à souhait pour l'ambiance.
Effets de montage, slow motion, film déroulé à l’envers & prise à parti du spectateur : La Dame d’onze heures est un vrai petit kit du spectateur-détective, où chaque ficelle de narration est instrumentalisée & lui est tendue comme pour lui dire : “amusez-vous, c’est fait pour !”
Une formule aussi nouvelle que le film est daté : pas très bien sorti du traumatisme de la guerre, il semble avoir été conçu de bric & de broc tel le jouet qui avait tant manqué aux audiences, cousant son intrigue autour d’acteurs au nom unique (Palau, Sinoël, Seldow), comme dans les années 30, comme si on raccomodait le drame cinématographique pour la première fois depuis la guerre avec du fil d’antan.
Peut-être en retard ou peut-être simplement humble, le film donne l’impression d’avoir été écrit avec l’imagination d’un adolescent & sa fascination désordonnée pour le genre policier, lequel est traité par Devaivre avec une créativité technique mais insouciante. Le résultat serait tout aussi désordonné si le format du roman (154 pages) n’avait pas convenu si bien à cette piste d’adaptation, & si Meurisse ne rayonnait pas dans son rôle de performant détective amateur – qu’il tient si bien que sa prestation a l’air imprévue, & d’avoir influencé tout le tournage.
Sûrement moins bon à l’époque qu’il ne l’est aujourd’hui, le film était fait pour parler à un public qui n’avait aucune raison de le trouver médiocre. Aujourd’hui, même le cinéphile averti y trouvera un magnifique divertissement d’époque sans devoir tomber dans les canons.
"La dame de onze heures" est une intrigue mystérieuse, et plus encore rocambolesque, un récit plein de mouvement où la multiplication des rebondissements et la complaisance des indices qui s'offrent à Stanislas Oscar Seminario, dit SOS, relèvent directement de la bande dessinée. L'originalité du film tient là, dans cette volonté de compliquer jusqu'à la confusion, une enquête déjà plus ou moins plausible. On peut relever, dans la démarche de Jean Devaivre, l'analogie de sa mise en scène avec celles des séries noires américaines. Le caractère artificiel des investigations de SOS, le rythme effréné imprimé par le montage rapellent les aventures tortueuses du détective Philip Marlowe, à ceci près qu'à l'atmosphère noire du polar américain se substitue dans le film de Devaivre, un ton ludique. Paul Meurisse, jeune mais déjà élégant et altier (dans un style qui n'est pas encore parodique, ou pas tout à fait), fait un excellent enquêteur. Néanmoins, cette aventure policière, très peuplée de seconds rôles, est parfois pénible à suivre tant elle est bavarde et agitée.
Ici, on retrouve le grand Paul Meurisse, au début sa carrière, dans un rôle qui lui va comme un gant (Mais quel rôle ne lui allait pas, me direz-vous?). L'intrigue est bien construite, pas trop simple ni trop compliquée. On a droit également à quelques belles images du Nord, tout au sortir de la guerre ; des guerres devraient je dire. C'est donc intéressant, on suit notre enquêteur avec entrain, on ne s'ennuie pas. Et c'est bien cela le principal. A voir par les amateurs de film policier ancien, et les fans de Paul Meurisse.