Abel Ferrara est un réalisateur à l'univers sombre mais surtout particulier ! Du peu de films que j'ai vu de lui, j'en suis toujours ressorti un peu désorienté. Et, une fois n'est pas coutume, j'ai eu énormément de mal à adhérer à celui-ci, mais alors, vraiment beaucoup ! Le réalisateur choisit ici de dépeindre les dessous de Hollywood ou plutôt les coulisses d'un tournage de film, même s'il est important que ce cas de figure particulier n'est pas une généralité ! En effet particulier puisque le réalisateur pousse ici ses acteurs à bout, ce qui est très courant aux États-Unis, enfin surtout avec leur fameuse méthode actor studio qui impose de se mettre véritablement dans la peau de son personnage (et ce genre d’anecdotes ne manque pas). D'ailleurs, parait-il que Madonna a un moment improvisé un dialogue où elle raconte son propre viol. Enfin bref, une histoire intéressante donc, enfin a priori, mais qui s'avère en réalité bien longue, très longue même ! Et oui, l'introspection du réalisateur (car, on peut raisonnablement penser qu'il s'est inspiré de lui-même pour créer le personnage du réalisateur, se mettant ainsi lui-même en scène finalement) est un peu laborieuse. Outre le scénario finalement peu captivant car il possède énormément de temps morts (et encore, la première version faisait 3h !), le réalisateur essaye de faire ici une sorte de film d'auteur, avec des scènes inutilement étirées donc mais surtout une mise en scène froide et épurée. Alors, je sais que c'est un effet voulu, qui raccorde notamment avec la psyché des personnages, mais tout, et absolument tout, est gris pendant la plupart du film ! Et c'est dommage car, encore une fois, le sujet est pourtant intéressant ! On peut également relever toutes les scènes tournées en mode documentaire qui rajoutent plus d'authenticité au film et renforce ainsi la sincérité que le réalisateur veut y insuffler. Concernant les acteurs en revanche, rien à dire, Madonna, Harvey Keitel et James Russo jouent très bien ! "Snake Eyes" est donc un film qui a certes un certain potentiel mais qui est en grande partie gâché par cette couche "film d'auteur", très vite laborieuse !