La télévision vient de rediffuser ce portrait d « Edith et Marcel » réalisé en 1983 par Claude Lelouch. Contrairement au tout récent film dOlivier Dahan, celui-là mêlait réalité et fiction dans un entrelacs bien lelouchien et, pour moi, pas très judicieux. Car, malgré un casting exceptionnel, réunissant, outre Evelyne Bouix dans le rôle dEdith, des « pointures » comme Jacques Villeret, Jean Bouise, J.C. Brialy, Ginette Garcin, lalternance entre lhistoire damour de Piaf et Cerdan (rôle tenu par son fils Marcel Cerdan Junior, qui, contrairement à la légende, ne sen sort pas mal du tout), et celle d'un autre couple, disperse lattention, si (bien) que regarder le film dans sa longueur devient un pensum. Lelouch na jamais facilité la compréhension de ses uvres ! Le film comporte beaucoup de baisses d intensité car les deux histoires, hélas, loin de se renforcer, saffaiblissent mutuellement. On ne voit pas trop lintérêt de la performance. Un des points forts du volet « guerre » est pourtant la présence de Villeret en soldat amoureux et naïf dont Huster est le « Cyrano ». Notre cher Jacques était comme toujours capable dun jeu en nuances et touchant jusque dans le ridicule. A linverse du réalisateur de « La Môme », Lelouch navait pas cherché la ressemblance physique allant jusquau mimétisme en confiant le rôle à Evelyne Bouix, qui ne cultivait pas non plus la gouaille dans laccent. Je nai pourtant pas trouvé moins crédible son interprétation, même si la scène de lannonce de la mort de Cerdan, qui donne dans lhyperbole, tue lémotion. Le jeu de lactrice est ici excessif, mais jai été touchée par la façon dont Piaf saccuse avec insistance de caprice et sattribue le drame. Un moment de charme est lapparition de Charles Aznavour dans son propre rôle dans un duo. Regarder le DVD en plusieurs fois est à conseiller, car si le film ennuie en bloc, il recèle de véritables joyaux dignes dêtre revus.