Après une Palme d’Or et une déception générale, Steven Soderbergh trompait son monde en 1993, en sortant King of the Hill, film grand public sur l’enfance et le passage à l’âge adulte.
Pour se faire, il caste Jesse Bradford, encore très jeune, en héros débrouillard (et dont la carrière sera assez décevante, si ce n’est de le mener à Eastwood en 2006 pour son Mémoires de nos Pères) et l’excellent Jeroen Krabbé en total contre emploi, dans un rôle de père débordé. A l’aide de focales, de plans ahurissants et d’un emploi fantastique de la plongée et de la contre-plongée, Steven Soderbergh ne se sert que de sa mise en scène pour nous plonger dans l’enfance la plus crédible, vue au cinéma américain. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il en signe aussi le scénario, un peu moins parfait car entaché par un petit trou d’air au milieu du film, lors de la partie avec Adrien Brody. Le trou d’air n’empêche cependant pas le film de distiller son joli message d’espoir et de finir en véritable happy end quelque peu inattendu et émouvant. On pourra quand même regretter la musique assez pénible de Cliff Martinez qui arrive à toucher à l’enfance par moments mais qui peut paraître répétitive par moments.
King of the Hill est donc un très bon film d’un des meilleurs metteurs en scène de sa génération et même de l’histoire du cinéma, très différent de ses autres œuvres (dur en effet, de trouver un lien avec l’excellent Ocean’s Eleven) mais tout aussi virtuose. Ce n’est pas parfait, mais c’est familial et chaleureux. Une réussite.