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    Boulevard du crépuscule
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     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 13 août 2015
    Quand Joe Gillis (William Holden magnifique, comme toujours) se retrouve par hasard dans une maison qu'il croit abandonnée, il ne se doute pas qu'elle abrite une ancienne star du muet et son majordome, deux fantômes qui ne vivent qu'à travers leur passé et qui n'attendent que de retrouver la lumière. Cette lumière, c'est Hollywood, symbole d'un monstre qui fait la part belle aux ambitieux, avec le personnage de Betty Schaefer, et qui dévore ses scénaristes sans créativité. La lumière n'est donc qu'un rêve, une illusion pourtant capable de satisfaire les égos surdimensionnés qui sont aussi les stars d'autrefois. La mise en abyme est donc poussée très loin puisque Gloria Swanson, au moment où elle tourne "Sunset Boulevard", n'avait plus eu aucun grand rôle depuis ses performances muettes; elle trouve son double parfait dans son personnage de Norma Desmond, qui attend désespérément que Cecil B. DeMille lui offre un rôle démesuré à la hauteur de son talent, projet utopique que Gillis et son majordome ne veulent pourtant pas anéantir, parce que le premier fait preuve d'une grande compassion et qu'il a lui-même subi l'échec et que le second était le mari de Desmond tout en la dirigeant dans les films qu'il avait réalisés. "Sunset Boulevard" est un film d'une noirceur redoutable, élégamment mis en scène et surtout subtilement écrit, notamment à travers des dialogues percutants et élaborés qui sonnent comme une marque ironique de Wilder vis-à-vis de sa protagoniste. Et que dire de ce sublime dernier plan, véritable antithèse au surnom de la ville de L.A: ici ce ne sont pas les anges qui trouvent la lumière, mais des spectres qui pensent enfin que leur rêve s'accomplit.
    Sid Nitrik
    Sid Nitrik

    61 abonnés 416 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 mai 2015
    Son statut de chef d'oeuvre, « Sunset Boulevard » de Billy Wilder ne l'a pas volé. Prophétique en son genre, le réalisateur filme la vanité et la déchéance du système hollywoodien quelques années avant sont soit-disant avènement. Beaucoup de films américains des années 50, même ceux de bonne qualité, n'osaient que trop timidement s'écarter des sentiers battus. Wilder, lui, ose, et nous dépeint, à travers la relation à la fois grotesque et vénéneuse entre Norma Desmond, star déchue et narcissique à la beauté fanée, et son gigolo Joe Gillis, scénariste raté aux tendances libertaires, un monde cruel et pathétique qui pousse à la folie, jusqu'à commettre l'irréparable. Sur un ton résolument noir et satyrique, la qualité de la mise en scène et la narration dynamique pleine d'humour noir arrivent à plonger le spectateur dans ce sombre drame passionnel, d'une très grande justesse et d'une étonnante modernité. La direction des acteurs est exceptionnelle, le jeu habité de Gloria Swanson et l'inquiétante ambiguïté d'Erich Von Stroheim, dans un rôle secondaire, constituent des performances de haute volée. Un film brillant et intemporel, une critique acerbe doublé d'un hommage au cinéma, Billy Wilder épate sur toute la ligne. Chef d'oeuvre.
    blacktide
    blacktide

    60 abonnés 795 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 avril 2016
    Sunset Boulevard est un monde à part, un monde où les rêves se brisent aussitôt qu’ils se concrétisent, un monde d’apparences transposant l’usine à gloire fantasmée en Gouffre aux chimères enténébré. Au crépuscule d’un Hollywood jalousé, Billy Wilder calomnie la mécanique du star system, l’invective d’un cynisme débridé, dont la noirceur n’a d’égale que les fêlures de Norma «megalomaniac» Desmond. A travers l’aveuglement dévastateur de cette diva avilie, le cinéma américain se regarde dans un miroir peu rutilant, matérialisé par des illusions obsessionnelles, empire fragmenté par la célébrité momentanée.

    L’ouverture déstabilise, noie tout soupçon quant au dénouement : un cadavre, une voix off, un noir et blanc immaculé suffisent à Wilder pour imposer une atmosphère, une esthétique, un suspens… un paradoxe, l’enchevêtrement entre irréel et réalité ; aucun doute subsiste : le film noir s’incarne tout entier, flashback oblige, dans cette effroyable fatalité. Échapper à sa réalité, s’immiscer dans les stigmates d’une résidence voilée par l’excès d’antan, surplomber sa propre mort, singer la déchéance, Joe Gillis (William Holden exemplaire d’élégance) s’aventure dans l’antre de la folie, aucune échappatoire, la diablesse s’empare de l’âme du Faust trompé, et se l’approprie telle une sangsue assoiffée par la vitalité nécessaire à sa conservation. Il est trop tard, l’amour et l’optimisme de Betty Schaeffer envers Joe et Hollywood ne suffiront pas pour le sauver de la cruauté pessimiste de la femme fatale. L’inévitable tragédie se joue sous ses yeux pervertis par un monde fabriqué, opulent et superficiel, habité par l’aversion fascinante de l’aliénation par la célébrité, intemporel leitmotiv, hantant la sphère médiatique encore 66 ans après.

    Boulevard du Crépuscule ironise sur l’insatiable soif de grandeur, la complaisance dans le fétichisme artificieux d’Hollywood. Délaissée d’un monde qui a autrefois fait sa renommée, Norma s’invente une destinée à travers les vestiges du passé, démence inéluctable d’une crise de la psyché, conséquence directe d’un arrivisme provoqué par des studios apathiques et transitoires, transformant l’actrice en un produit uniformisé, figée à jamais dans le rôle de sa vie. Norma reflète un musée mémoriel, une époque révolue, celle du cinéma muet, à l’image de son manoir éculé, où le temps semble s’être arrêté : des figures de cire, fantômes stoïques victimes du parlant (dont Buster Keaton), jouent leur propre rôle le temps d’une partie de bridge. Norma semble être hors du temps, vampirise l’écran de sa schizophrénie forcée par une industrie inhumaine ; maniérée, elle lève sa main vers l’écran laissant apparaître son double d’antan, dans un sursaut nostalgique et désespéré, atteint par sa perte d’individualité et un narcissisme involontaire.

    Billy Wilder insuffle à ses personnages un sens de la sentence remarquable, un magnétisme par les mots, propagation de son amour pour le cinéma respirant à travers chaque image, l’implicite cultivant notre curiosité. Sunset Boulevard, c’est avant tout un numéro d’acteurs, ou devrai-je dire le cinéma personnifié en UN rôle, celui de Gloria Swanson, admirable de réalisme, extériorisant une grandiloquence théâtrale, visiblement hantée par son alter ego jadis pin-up glorieuse du cinéma muet, Némésis grandiose du cinéma sur le cinéma ; sublime séquence d’un ultime rayon de gloire, reconnue sur le tournage d’un DeMille, l’étoile apparaît. A sa façon, Billy Wilder réhabilite les « oubliés », les « incompris », les « rejetés » dans l’ombre d’Hollywood : la présence d'Erich Von Stroheim est significative, expression des chefs d’œuvres abandonnés et du sadisme des producteurs avares (Les Rapaces, grand mutilé du cinéma).

    Puis, foudroyé par le génie, Wilder signe l’une des séquences les plus marquantes de l’histoire de cinéma. Le temps d’une descente d’escalier, Norma et Max se réincarnent en leur essence première, la star et son réalisateur brillent une dernière fois au milieu d’une « assemblée » médusée ; Norma nous absorbe, attire notre sympathie, aparté gestuelle et mélodieuse, tragédie consciente, Norma lorgne son spectateur, l’invite à la rejoindre derrière l’écran, à partager sa folie irréelle… Des larmes, un sanglot, ébahis par l’isolement de la star culminant dans la névrose médiatique, Max se lamente devant l’effacement progressif de sa muse désaxée… et le spectateur émerge galvanisé à l’idée d’avoir été témoin d’une composition unique et ineffaçable.

    FADE OUT

    Voir Sunset Boulevard, c’est admirer la beauté du cinéma, envoûté par cette fluidité narrative, cette nostalgie tapissée de sous-entendus subtils, regard lucide et audacieux d’une usine à rêves truquée par la mécanique du succès. Wilder questionne l’existentialisme à travers sa réflexion sur le temps qui passe, intimement liée aux bouleversements du monde hollywoodien, avertissement clair et obscur à la célébrité fuyante, à un Age d’Or révolu s’admirant dans le miroir du passé, touché par la grâce de la pellicule, à jamais gravé dans la postérité.

    Lights, camera, action !
    bobmorane63
    bobmorane63

    197 abonnés 1 980 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 avril 2015
    C'est le premier long métrage que je découvre du cinéaste Billy Wilder (je sais, ses films passent souvent à la télévision) et "Boulevard du crépuscule" est une œuvre qui marque les esprits !! Réalisé en 1950, une histoire sur le vieil Hollywood mélangé par le genre drame ou un scénariste, fauché et sans proposition, échappe à des huissiers pour se cacher par hasard dans le domaine d'une actrice phare du cinéma muet et son valet qui le reçoivent et lui proposent d'écrire un scénario de qualité pour son come back. Le scénariste est d'abord conquis mais la vieille dame est trop envahissante dans sa vie. Un film qui parle d'Hollywood, des studios et l'apparition du grand metteur en scène Cecil B. DeMille. Un long métrage sur la vieillesse des actrices qui aspirent a redevenir des comédiennes jusqu'à la folie. Billy Wilder signe un chef d'œuvre qui possède une belle narration et offre des roles en or à William Holden et Gloria Swanson. Il me reste maintenant à continuer a explorer la filmographie de ce cinéaste adulé par les cinéphiles.
    Bruno François-Boucher
    Bruno François-Boucher

    113 abonnés 163 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 mars 2015
    Un des plus grands films de l'histoire du cinéma où se confondent illusion et réalité, et celui peut-être qui a le mieux exprimé la dualité entre l'artiste et le monde dans lequel il vit. Véritable documentaire sur Hollywood et construit comme un thriller, c'est très noir, probablement l'oeuvre maîtresse de Billy Wilder. Le film est d'un envoûtement à faire pâlir David Lynch - on sent l'influence qu'il aura eu plus tard sur le non moins remarquable "Mulholland Drive" - et Gloria Swanson et Erich Von Stroheim sont prodigieux. Il faut voir la scène où le personnage de Norma Desmond, ancienne actrice du cinéma muet, revient au studio retrouver Cecil B. de Mille joué par lui-même et celle, particulièrement émouvante, où la star revoit ses anciens films, ceux réellement de Gloria Swanson dans les années 20... François Truffaut disait que "8 1/2" était "le film des films", sans nul doute peut-on ranger à ses côtés "Sunset Boulevard".
    Ti Nou
    Ti Nou

    508 abonnés 3 509 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 2 mars 2015
    Plus qu'un grand film noir, "Boulevard du crépuscule" s'avère être un récit émouvant sur la solitude et la célébrité. Gloria Swanson parvient à rendre attachant un personnage narcissique obnubilé par une gloire perdue.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 11 février 2015
    "Sunset Boulevard" est l'un des grands classiques du film noir américain et certainement l'un des chefs-d'œuvre de Billy Wilder. L'affiche à elle seule est prestigieuse : dans les rôles principaux, deux acteurs chevronnés au sommet de leur gloire, Gloria Swanson, Erich Von Stroheim, un jeune premier, William Holden, et quelques grands noms dans leur propre rôle, tels Cecil B. de Mille, Buster Keaton etc. Sur un scénario très bien construit, Billy Wilder nous concocte un polar inhabituel. La première rencontre entre le scénariste Gillis (W. Holden et l'ex star du muet Norma Desmond (Gloria Swanson) est étrange et fascinante tout à la fois, mi-comique, mi-dramatique. L'actrice déploie toute son énergie dans un rôle à sa mesure. Eric von Stroheim est égal à lui-même, avec sa voix et son accent français si distinctif (l'acteur se double lui-même). Son rôle peut sembler secondaire en valet et ex-mari de l'actrice Norma mais quelle présence et quel talent ! Billy Wilder s'attaque au mythe des stars déchues du muet par l'arrivée du parlant, raison pour laquelle il confie des petits rôles à d'ex-vedettes comme von Stroheim et Buster Keaton. D'ailleurs le film est une quasi autobiographie de Gloria Swanson qui redora quelque peu son blason déteint. Servie sur une musique appropriée de Franz Waxman, l'intrigue dévoile peu à peu ses secrets. William Holden est magistral face à la grande Gloria. Wilder sait distiller les scènes dramatiques avec quelques scènes cocasses ( spoiler: comme celle où Gloria Swanson mime Charlie Chaplin
    ). La rencontre avec Cecil B. de Mille et la séquence qui suit est à la fois bouleversante, d'une grande sensibilité et pleine de réalisme. Un grand classique d'un pragmatisme confondant à ne manquer sous aucun prétexte.
    christine D.
    christine D.

    32 abonnés 52 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 février 2015
    Réalisation superbe, acteurs extraordinaire, récit intelligent, Billy Wilder au sommet de son art. Une des merveilles du 7ème art.
    Don Keyser
    Don Keyser

    75 abonnés 1 641 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 24 janvier 2015
    Long-métrage culte, "Boulevard du crépuscule" entraîne le spectateur dans une histoire touchante où le scénario est plutôt prenant. D'autre part, la réalisation effectue un excellent travail. Quant aux acteurs, ils sont convaincants. De fait, le film est divertissant mais manque de captivité avec l'âge qu'il a pris.
    elriad
    elriad

    440 abonnés 1 869 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 9 janvier 2015
    le génial Billy Wilder, déjà en 1950, offrait une peinture au vitriol de la machine Hollywood, et ce n'est pas un hasard si aujourd'hui, plus d'un demi siècle plus tard, "map with the stars" de Cronenberg avec Julianne Moore, s'est vu récompenser sur la croisette. Même si le jeu de Gloria Swanson ne donne pas dans la subtilité (elle fut l'une des plus grandes actrices du muet et réellement ringardisée avec l'arrivée du cinéma parlant) le ton acide et cauchemardesque oppresse et remplit son rôle. Le domestique ex-mari qui a sacrifié sa carrière pour entretenir l'illusion de la femme qu'il a aimé est d'une force et d'une cruauté implacable, et la dernière scène avec la descente des escaliers sous "le feu des projecteurs" est un moment d’anthologie. La vieillesse et la déchéance ont déjà été souvent abordés et l'on peut préférer 'c'est mon cas) les extraordinaires "All about Eve" ou " What ever happened to baby Jane" , il n'en demeure pas moins que "boulevard du crépuscule" apporte une pierre incontournable à l'édifice de ce broyeur sans pitié qu'est Hollywood.
    Redzing
    Redzing

    1 147 abonnés 4 497 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 5 octobre 2014
    Un scénariste fauché atterrit par hasard chez une star déchue du cinéma muet, et va tomber sous son emprise. "Sunset Boulevard" est connu comme un grand classique du film noir, ayant inspiré beaucoup de réalisateurs, mais comporte également des éléments de drame, voire par moments de film d'horreur. Ce mélange constitue un portrait au vitriol du système hollywoodien, assez osé par le fond et la forme (le film est narré par un cadavre). Entre deux caméos qui appuient la crédibilité de la peinture d'Hollywood (Buster Keaton, Cecil B. DeMille, etc.), on remarque un trio d'acteurs excellent. William Holden en protagoniste ambigu, Erich von Stroheim en mystérieux valet, et l'imposante Gloria Swanson, elle-même ancienne star du muet, impressionnante en gloire oubliée et obsédée par son passé. Par ailleurs, les dialogues sont inspirés, et la mise en scène de Billy Wilder, utilisant des effets d'ombre proches de l'expressionnisme, et des décors inquiétants, renvoie une image toxique de la machine à rêves hollywoodienne. Certaines séquences sont par ailleurs devenues emblématiques du film noir (le plan dans la piscine, la scène finale, etc.). "Sunset Boulevard" est ainsi un film qui a peu vieilli de par ses propos, et qui demeure impressionnant sur la forme.
    tuco-ramirez
    tuco-ramirez

    136 abonnés 1 632 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 septembre 2014
    Premier plan, un jeune homme mort dans une piscine prend la parole via une voix off posée. Ce jeune scénariste ambitieux mais au talent limité va nous proposer de revenir six mois au par avant pour nous conter les événements qui l’ont précipités dans cette piscine trois balles dans le corps. La structure narrative est déjà révolutionnaire et très audacieuse ; les dialogues entre les trois protagonistes principaux ainsi que les monologues sur un ton monocorde de la voix off contribuent largement au chef d’œuvre. Cette trame narrative est frappée du sceau du destin qui mène irrémédiablement Joe Gillis vers sa mort. Derrière ce film noir, pépite de l’âge d’or hollywoodien, le grandissime Billy Wilder en profite pour dresser un tableau mortifère et prémonitoire de l’industrie cinématographique américaine et de ses acteurs. En effet, 6 mois auparavant, Joe Gillis, criblé de dettes et poursuivi par des créanciers, trouve refuge dans une énorme demeure délabrée qui paraît être à l’abandon. Mais que nenni, cette vaste villa est habitée par une ancienne gloire du cinéma muet tombé dans l’oubli ainsi que son majordome. Norma (l’actrice) est à l’image de son logement, un champ de ruine vivant mal sa décrépitude. Elle trouve en ce jeune scénariste l’opportunité de revenir sur le devant de la scène, elle qui crache sur le cinéma parlant. Au travers de cette vieille gloire, Wilder dresse un tableau sans concession, féroce et réaliste d’Hollywood, de ses stars déclinantes et à demi folles, de ces scénaristes aux dents longues, de l’orgueil de ce milieu, de son inconséquence et de son ingratitude. Et là où Wilder prouve à nouveau son intelligence, c’est qu’il convoque des anciennes stars du muet pour jouer les rôles de ces stars vacillantes. Gloria Swanson (Norma dans le film) était une égérie du muet oublié à l’ère du parlant. Celui qui joue son majordome, ex mari et ex réalisateur ; Erich Von Stroheim l’a réellement dirigé en 1928 dans « Queen Kelly », lui aussi n’a plus trouvé grâce aux yeux du parlant. Quand Norma va voir Cecil B. De Mille (connu injustement plus pour ses grosses productions type « 10 commandements »… que pour sa production muette) en lui quémandant un rôle ; elle rencontre réellement quelqu’un qui l’a faite tournée à l’époque et qui parvient à poursuivre une carrière dans le parlant. Tous ces clins d’œil ne participent pas au récit mais brouille les cartes entre réalité et fiction ; Buster Keaton fait même une pige lors de la partie de bridge.
    Ce n’est donc pas qu’un polar, ni qu’un film historique sur le passage du muet au parlant et ni non plus uniquement le portrait d’une star déchue ; c’est aussi une réflexion sur le travail insidieux des rêves étourdissants de grandeur sur des êtres ayant connu la gloire et devenus mégalomanes… Norma a une image d’elle-même qu’elle auto entretient qui l’enferme dans un mirage et qui est aux antipodes de la réalité. Et puis, il y a aussi le traitement de cette relation à trois (Norma, Joe et le majordome) dans un huis clos empli de faux semblants et particulièrement sordide. Joe devenant son amant et son jouet (comme le singe mort du début), il est aussi un danger envers cette cathédrale d’illusions qu’elle s’est construite. Les trois protagonistes sont piégés par leurs mensonges, mortels. Et ce jeu de dupes, tout le monde y joue : Cecil B. De Mille par pitié, Joe par intérêt, Max par amour. Et pour encore renforcée le trait d’une Norma déconnecté de la modernité du cinéma actuel dans lequel elle n’a plus sa place ; Willy Wilder oppose le jeu moderne tout en sobriété de William Holden (Joe) à celui emphatique et démesuré des acteurs du muet (mimiques démesurés, exagération des gestes, grandiloquence des expressions du visage) de Gloria Swanson (Norma).
    Et la scène finale est une véritable leçon de cinéma qui prendrait aussi une critique seule pour prendre bien le soin de l’étudier. Elle démontre surtout toutes la maestria des dialogues, de la mise en scène et des éclairages de Wilder.
    Un chef d’œuvre du cinéma… un incontournable.
    Xavi_de_Paris
    Xavi_de_Paris

    300 abonnés 2 854 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 23 septembre 2014
    Un grand classique, formidablement interprété et joliment mis en scène. La grande force de "Boulevard du crépuscule", c'est surtout ce regard peu reluisant mais lucide sur le milieu du cinéma, constat emprunt d'une grande modernité pour l'époque. Billy Wilder donne une force incroyable à ses personnages, qui ont en commun une grande solitude et le besoin de reconnaissance. Le contraste entre gloire passée et ambition présente est saisissant, notamment dans les rapports entre les personnages, interprétés avec justesse par William Holden et Gloria Swanson. C'est aussi un film sur les illusions perdues, incarnées par cette dernière, campant un personnage ne parvenant pas à sortir de son passé, obsession virant jusqu'à la folie. "Boulevard du crepuscule", c'est donc un grand film sur le cinéma, ses coulisses et ses malheurs.
    Max Rss
    Max Rss

    203 abonnés 1 818 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 9 octobre 2017
    Après avoir regardé une remarquable « Assurance Sur La Mort », qui m’avait littéralement passionné de la première jusqu’à la dernière minutes, je ne cessai de me dire que Billy Wilder, en terme de polar noir, avait sans doute encore mieux à nous offrir, même si « Assurance Sur La Mort », ça vaut de l’or. C’est ainsi que j’ai décidé de m’orienter dans la direction d’un boulevard d’Hollywood. Le très fameux « Boulevard du Crépuscule » qui nous raconte l’histoire d’un jeune scénariste qui va être littéralement pris en otage par une ancienne star du cinéma muet, mais qui aveugle et trop fière ne peut se résoudre à admettre qu’elle n’est plus rien si ce n’est un fantôme du passé, une relique du muet dont plus personne ne se soucie. D’ailleurs le parallèle entre Norma Desmond (nom du personnage féminin dans le film) et Gloria Swanson (l’actrice qui joue le rôle) est assez amusant en soi. Car Swanson fit effectivement les frais de l’avènement du cinéma parlant, elle qui fut une superstar du muet. Tout cette histoire, sur le papier, conférait au chef d’œuvre, mais à l’écran la donne n’est plus du tout la même. C’est assez dingue, jamais n’aurais cru que ce « Boulevard du Crépuscule » ne me passionnerait aussi peu. Il est vrai que je ne me suis jamais vraiment senti concerné par l’histoire qui se déroulait devant moi. Après avoir été un moment intrigué par la jalousie maladive, la folie et la paranoïa du personnage de Gloria Swanson, j’ai fini par m’en lasser car cette dernière finit sérieusement par taper sur les nerfs avec ses mimiques insupportables. William Holden (acteur que j’aime bien d’ailleurs m’a semblé tout de même quelque peu en-dedans). Le meilleur étant finalement Erich Von Stroheim car il est vraiment le seul à être en mesure à donner en son personnage un vrai caractère tangible. Le film évolue tout le long dans une atmosphère assez malsaine et froide, mais qu’elle dommage qu’elle soit en partie gâchée par le surjeu de Gloria Swanson. Pour être honnête, je suis quand même assez stupéfait, car je m’attendais à un film beaucoup plus puissant que ça. Mais bon, tant pis. « Boulevard du Crépuscule », un classique? Oui. Un film qui traversera encore les époques? Sans doute. Un chef d’œuvre? Non, en ce qui me concerne je n’irai pas jusque là.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 21 juillet 2014
    Chef d'oeuvre des chefs d'oeuvre, avec le merveilleux William Holden qui débute ainsi sa carrière de star des années 50
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