Ce film est une splendeur visuelle. C'est impressionnant et sublime. De plus le monde développé, l'histoire de la double gravité, est original, intéressant, et plein de potentiel. Et la on voit arriver le problème gros comme un éléphant: l'histoire n'est pas au niveau.
C'est vraiment triste de le dire, mais ce film, avec ses paysages époustouflants et son monde plein de promesses, est pour moi seulement, fadement, pitoyablement mauvais.
Là où le bât blesse, c'est qu'au lieu d'exploiter - bien en tout cas- l'univers qu'ils ont créé (la double gravité et ses règles physiques donc immuables, l'opposition bas/haut avec des problèmes d'inégalités sociales et le pouvoir de la grande firme qui relie les deux qui pouvaient être la base d'une dystopie très intéressante...) ils se concentrent uniquement sur l'histoire d'amour. Ce n'est pas un défaut en soi, tous les films pouvant jouer sur le plan politique et social ne doivent pas nécessairement le faire. Certes. Mais l'histoire d'amour est mal développée. Elle n'a rien d'exceptionnel, déjà : l'amour impossible, bravant les interdits et risquant tout, c'est mâché et remâché, donc il faut renouveler un peu le concept pour qu'on s'accroche. Et là il n'y a pas de renouvellement, et il n'y a tout simplement pas d'intérêt :
1. Ils s'aiment à la folie purement et simplement
du début jusqu'à la fin sans jamais de doutes ni de problème au sein même de leur amour à part la toute petite histoire d'amnésie dont l'effet est désactivé d'avance puisqu'en même temps qu'on apprend qu'elle est amnésique on apprend qu'elle a quand meme des souvenirs qui reviennent dans ses rêves
, sans approfondissement des personnages qui ne sont définis QUE par leur amour l'un pour l'autre, ce qui fait que fondamentalement on ne s'y identifie pas, on ne s'y intéresse même tout simplement pas.
2. La gravité, qui aurait pu transformer l'habituelle impossibilité sociétale (ou d'histoire de famille) de l'amour en une impossibilité en plus physique, donc vraiment incontournable, n'est traitée comme rien de plus qu'un obstacle sociétale: jamais on n'a peur qu'ils ne trouvent pas d'issue, jamais on ne se désespère ou s'angoisse que cette gravité les sépare à jamais: elle est complètement discrédité puisqu'il suffit d'un peu de recherches et de quelques astuces ( qui sont trouvées tellement vite qu'on se demande pourquoi diable ils n'y ont pas pensé avant si c'était si simple) pour en venir à bout ( qui sont trouvées tellement vite qu'on se demande pourquoi diable ils n'y ont pas pensé avant si c'était si simple).
3. Les retournements sont mal amené, on ne s'angoisse pas, on ne sursaute pas, on ne pousse pas de soupir de soulagement, ou si peu.
Bref, cette histoire d'amour parait juste insipide face à toute la gravité de l'exploitation et la pauvreté des habitants d'en bas, l'angoisse de la grande firme mal intentionnée qui gère les deux mondes d'une main tentaculaire, l'incompréhension et le mépris des habitants d'en haut pour ceux d'en bas, parce que si encore elle avait servi à briser le système (on revient au fait que les personnages ne sont pas exploités: si leur amour avait servi au déclenchement de quelque chose, peut importe que les personnages ne soient définis que par lui, car ce serait justement pas l'amour lui même, sa création, son évolution, qui serait intéressant, mais seulement son caractère plus fort que tout et incontournable, qui serait le rouage amenant les évènements), mais là cette partie n'est même pas exploitée. C'est juste deux personnes qui s'aiment.
Quand à la fin, je la trouve aberrante, désespérante, et elle m'a donné envie de faire un feu de joie avec le DVD. C'est une pirouette finale sortant de nulle part, finissant de piétiner l'importance déjà agonisante de la gravité (présentée à la base, quand meme, comme un pilier essentiel de l'histoire) et même de la simple logique.
Conclusion: je ne peux pas déconseiller vraiment ce film à cause de ses images magnifiques et de la base de son univers, mais pour moi il n'y a que cela qui vaille vraiment la peine. Après, j'ai lu, je crois, dans certains commentaires qu'il faut le prendre comme une fable, donc mon aversion pour ce film vient peut être que je ne suis pas faite pour les fables. Je continue de penser qu'il a de vrais problèmes malgré tout, mais de toute façon les quelques deux heures de visionnage ne seront pas totalement perdues non plus donc faites vous votre propre avi.