C'était l'occasion pour moi de voir si l'idée que je me faisais de Brad Pitt était exacte : j'ai toujours eu l'impression qu'il jouait très bien quand il était aux côtés d'un autre bon acteur, un peu comme s'il pompait les super pouvoirs d'acteurs de l'autre (comme la montre de Jackass avec Loserito) mais que quand il était seul, qu'il avait un "lead role", il jouait comme ses pieds. Jusqu'à récemment, ma thèse était en gros confirmée, avec ses meilleures performances aux côtés de supers acteurs (Se7en, 12 Monkeys (même s'il fait un peu un one man show dans ce dernier), Joe Black, Fight Club) et des rôles catastrophiques en tant que lead role (du type Troie).
Et finalement, ma théorie foireuse, bah il se trouve que dès 1993 elle était bidon. Parce que Brad Pitt, dans Kalifornia, il est exceptionnel. Il joue le rôle de Early Grayce, espèce de psychopate redneck qui s'incruste dans le road trip de David Duchovny et sa copine, en compagnie de sa meuf à lui, Juliette Lewis. Les nanas dans ce film, c'est un peu comme les déclarations de Nadine Morano : on s'en passerait bien. Malgré tout, ça réussit pas à plomber le film, qui est essentiellement un film d'ambiance. Petit à petit, le malaise s'installe, jusqu'aux développements finaux où la tension est palpable, où on est franchement mal à l'aise, complètement oppressé par les événements qui se déroulent devant nos yeux. C'est à mettre sur le compte d'une réalisation efficace, certes, de Dominic Sena (sûrement son meilleur film si Whiteout est bien la bouse que ça semble être), mais surtout sur la performance de Brad Pitt, qui laisse tomber son image de beau gosse (probablement une bonne chose de l'avoir fait si tôt d'ailleurs) pour montrer une facette vraiment sombre et sordide. Il s'en sort vraiment bien dans ce rôle de psychopathe, alors que j'avais franchement peur qu'il soit pas crédible. David Duchovny est très correct aussi d'ailleurs, mais son rôle est moins un vrai rôle de composition, il "suit" plutôt.