« Kalifornia » est un road-movie brutal, mais dénué totalement de sens. Le pitch est pourtant assez attrayant. Bien que simple, il promettait quelque chose de grandiose, de marquant. C’est souvent le contraire quand on regarde le film. « Kalifornia » bénéficie pourtant d’un excellent casting, en grande partie grâce à Brad Pitt et Juliette Lewis, deux stars montantes du cinéma au début des années 1990. La première partie des années 90 est une aubaine pour Lewis, elle joue dans plusieurs films souvent excellents (« Les Nerfs à Vif » avec Robert de Niro, «Gilbert Grape » avec Johnny Depp et « Tueurs Nés » en particulier). « Kalifornia » entre elle dans cette sorte de carré magique ? Malheureusement non. Sa performance reste bonne, certes, son rôle de fille amoureuse et un peu délurée sur les bords qui se cache les yeux pour ne jamais voir la réalité est intéressant et bien exploité. Mais, Juliette Lewis tombe trop souvent dans le too much, elle finit par devenir très énervante.
C’est tout le contraire pour Brad Pitt. Ce dernier signe sa meilleure performance au cinéma, il n’hésite pas une seconde à se métamorphoser en un pouilleux psychopathe complètement déconnecté de la réalité. Il en devient quasiment fascinant, on dirait un dieu sombre. On ne peut que l’admirer, à chaque fois qu’il parle, on est comme captivé. Malgré ses gestes, on s’attache très vite à son personnage, il représente tout ce que l’Homme a de mal en lui. Son humour noir, sa violence continuelle, ses montées de colère sont superbes, Pitt se démène comme un beau diable pour apporter une dimension inédite et particulière à son personnage, un autre acteur aurait sans doute fait tâche (quoique, Woody Harrelson…). Il donne toute la folie nécessaire à son personnage, son regard fait froid dans le dos, tout comme ses grognements d’animal.
David Duchovny et Michelle Forbes sont les deux autres acteurs principaux. Et là, c’est un peu la catastrophe. Même si ils sont bons, leurs personnages ne sont pas assez approfondis. Celui de Duchovny surtout, il est censé être celui qui prend de plein fouet l’apparition d’Early Grace (Brad Pitt) mais il ne fait que survoler son personnage. Quant à Michelle Forbes, elle est en raccord avec son personnage. Par contre, elle devient gonflante en fin de film.
Mis à part les acteurs, le gros défaut de « Kalifornia » reste son but et son rythme. Quel est le but de « Kalifornia », franchement ? Montrer le parcours d’un cinglé ? Brad Pitt a beau être excellent, le film tourne en rond et n’arrive à rien en fin de compte. Pour couronner le tout, il se veut moraliste ! C’est le bouquet, tiens. Le rythme est en dent de scie, certaines scènes sont jouissantes (quand Brad Pitt est présent, en fait) mais d’autres sont racoleuses et ennuyeuses (les discussions, surtout). La fin est assez décevante, on se doute bien de ce qu’il va arriver, mais ça part en couilles. La violence est usée à tort et à travers. C’est dommage car le film ne tombait pas dans ce défaut, avant. Tout était parfaitement maîtriser. Le film se veut être une critique, mais malheureusement, il s’enlise dans quelque chose de mauvais.
« Kalifornia » n’est pas mauvais, il est juste bâclé sur certains points. Plutôt bon dans son ensemble, il vaut surtout pour l’incroyable performance de Brad Pitt. Sinon… passez votre chemin !