Sorti en 1983, Outsiders est réalisé dans la hâte par un Francis Ford Coppola dont la priorité est d'éponger ses dettes : en effet, son dernier film « Coup de Coeur » a été un énorme échec commercial dont il est sorti totalement ruiné. Malgré cette volonté de se refaire, on sent néanmoins que le thème de la jeunesse tient à cœur au réalisateur du Parrain.
A travers la rivalité de deux faction de jeunes, ce sont deux mondes qui s'opposent : les quartiers pauvres de la ville, représentés par les Greasers, et les banlieues pavillonnaires bourgeoises, dont les Socs sont les représentants.
Au cœur d'une des innombrables rixes qui émaillent le quotidien de ces jeunes livrés à eux mêmes,
Johnny (Ralph Macchio) tue un Soc. Dès lors, avec son ami Ponyboy Curtis (C. Thomas Howell) , ils quittent la ville pour fuir les forces de l'ordre et se réfugient dans une église abandonnée, lieu symbolique qui réfère certainement au sentiment de culpabilité qui les ronge, et la volonté d'expiation de leurs péchés. Et la « délivrance » des jeunes va arriver par le biais d'un autre coup du sort, celui de l'incendie accidentel des lieux. Alors que le bâtiment est en proie aux flammes, les deux jeunes vont sauver 5 enfants qui se trouvaient à l'intérieur.
La culpabilité, le rachat, le bien et le mal sont les thèmes centraux de ce film assez singulier de Coppola. A la façon d'un roman d'apprentissage, la caméra nous montre la difficulté du passage à l'âge adulte de ces jeunes, et la futilité des rivalités qui les opposent. Toutefois, cette prise de conscience se paye par de lourds tributs, et débouche parfois sur la mort.
Portrait d'une jeunesse en manque de repères, Outsiders souffre de quelques défauts : malgré la gravité du propos, et la présence d'acteurs chevronnés comme Patrick Swayze, la mise en scène de ces jeunes « délinquants » manque de crédibilité, et surtout d’authenticité. Cela est principalement dû au choix des jeunes acteurs (dont la plupart deviendront célèbres), qui ont tous des allures de jeunes minets et dénotent avec les rôles qui leur incombent. La trame scénaristique est également assez basique, et le film manque globalement de rythme.
Œuvre mineure dans la carrière très riche de Francis Ford Coppola, Outsiders est un film de bonne facture, toutefois handicapé par quelques défauts qui peuvent nuire au plaisir et à l'immersion du spectateur.