La traduction exacte du titre original est Contes de pluie et de lune. Bien qu'aucun des contes du recueil n'ait un quelconque rapport avec la lune ou la pluie, son auteur Akinari Ueda l'expliquait ainsi : " En 1728, vers la fin du printemps, une nuit, alors que la pluie cessait et que l'éclat de la lune était brouillé, près de ma fenêtre, j'ai composé ces récits. C'est pourquoi je les remet à l'éditeur avec ce titre. " Le titre se réfère donc à l'ambiance des contes et non à leur contenu.
Le film remporta le Lion d'argent au Festival de Venise 1953 et fut salué par la critique internationale comme le chef-d'oeuvre de Kenji Mizoguchi. Il est encore aujourd'hui son film le plus connu en Europe. Eric Rohmer écrivait dans la revue Arts du 25 septembre : "Comme toutes les grandes oeuvres, Les Contes de la lune vague fait éclater les barrières des genres et les frontières des nations. (...) Vous aurez la révélation d'un monde apparemment très différent du nôtre, mais, profondément, tout semblable. Vous toucherez du doigt ce fonds commun de l'humanité, ce creuset dont sont sortis à la fois L'Odyssée et le cycle de la Table ronde, avec lesquels Ugetsu Monogatari présente de troublantes analogies." Le film sortit en France six ans seulement après sa création.
La première version du scénario ne comportait que les deux récits de Akinari Ueda simplement accolés. Il fut en effet très difficile pour le scénariste de Kenji Mizoguchi, Yoshikata Yoda, de mêler harmonieusement les quatre contes.
La photographie maintes fois saluée de ce film est due à Kazuo Miyagawa, fidèle chef opérateur de Kenji Mizoguchi avec qui il travailla sur sept autres films. Leur première collaboration débuta en 1951 avec Mademoiselle Oyu, et se poursuivit jusqu'au décès de réalisateur en 1956 : Les Musiciens de Gion (1953), L'Intendant Sansho (1954), Une femme dont on parle, Les Amants crucifiés (1954), Le Héros sacrilège (1955) et La Rue de la honte (1956).
Kenji Mizoguchi est un spécialiste du film à caractère historique se déroulant avant 1868. Ce genre, appelé jidai-geki, est utilisé en fond par le réalisateur pour exploiter son sujet de prédilection : la déchéance des femmes provoquée par la vilainie des hommes. Outre Les contes des la lune vague après la pluie, citons La Vie d'Oharu, femme galante (1952), L'Intendant Sansho (1954) et L'Impératrice Yang Kwei Fei (1955).
Le film est inspiré d'un recueil écrit au XVIIIème siècle par Akinari Ueda. Kenji Mizoguchi a sélectionné parmi les différents contes ceux de La Maison dans les roseaux et L'impure passion d'un serpent. Mais le réalisateur a aussi mêlé à son film deux nouvelles de Guy de Maupassant, Décoré ! et Le lit 29.
Kenji Mizoguchi dirigera Machiko Kyô à deux autres reprises, en 1955 dans L' Impératrice Yang Kwei Fei (où elle retrouve également Masayuki Mori), et en 1956 dans La Rue de la honte.