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Caroline C
26 abonnés
386 critiques
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2,0
Publiée le 26 août 2011
J'ai vu ce film au cinéma grâce au ciné-club de ma ville. Sinon pour être honnête, je crois que je n'aurai jamais eu l'occasion ni l'envie de le voir. Disons que l'opportunité d'élargir ma culture cinéma me pousse un peu à découvrir des œuvres qui ne m'attirent a priori pas trop... bref, me voilà donc devant ce film japonais de 1953. Le début me surprend dans le bon sens : il y a une histoire intéressante, des personnages bien construits, et un rythme presque trépidant ! Hélas, le film s'englue soudain dans une histoire de fantôme, et à partir de là, ça tourne à 2 à l'heure, voilà exactement ce que je craignais. C'est souvent le cas, il faut le dire, avec les films asiatiques ! Ajoutons à cela une musique stressante et grinçante, c'est pas de tout repos de parfaire sa culture ciné ! A retenir tout de même la photographie superbe, en noir et blanc, et la belle morale distillée par ces contes, où les femmes possèdent sagesse et intelligence, face à des hommes ne rêvant que de gloire et de richesse. Rien ne change en ce monde ...
Un film magnifique, passionnant, poétique, fantastique (dans les deux sens du terme). Mizoguchi était un incroyable metteur en scène, si bien qu'on oublie la différence de culture et le poids des années pour se laisser embarquer dans une histoire simple, adaptée d'un chef d'oeuvre de la littérature japonaise, et pourtant universelle, la quête démesurée de l'argent et du pouvoir pouvant détruire des vies aujourd'hui comme hier. Un film fascinant.
Dans le Japon du XVIème siècle, deux beaux-frêres tentent d'améliorer leur quotidien via leurs passions respectives. L'un est potier, l'autre rêve de devenir samourai, mais les deux vont vivre une grande histoire qui va mettre a mal leur couple... Réalisé par Kenji Mizoguchi, ce long métrage japonais est bien passionnant à visionner du début jusqu'à une fin, il faut le dire, bien déchirante en tout point. Cette histoire dramatique, qui mélange avec une grande intelligence le réel et le surnaturel, se suit avec un grand intêret grâce à une mise en scène, certes lente, mais qui à le mérite de faire preuve d'une grande minutie sur certaines séquences. En plus, l'interprétation du casting est excellente et bien émouvante, en particulier concernant les prestations de Masayuki Mori dans le rôle du potier et de Machiko Kyo à travers son troublant personnage, Wakasa. Une oeuvre qui fait preuve d'une très grande humilité et qui se visionne avec étonnement, grâce également à une superbe photographie en noir et blanc qui offre le raffinement que le récit mérite. Un excellent moment de cinéma qui obtiendra le Lion d'Argent à la Mostra de Venise en 1953.
L’assimilation du théâtre kabuki à l’art cinématographique a produit quelques unes des merveilles du cinéma japonais. « Les contes de la lune vague après la pluie » en est un beau spécimen. Le film est à la fois une fiction historique, un récit initiatique, un conte moral et fantastique. On est admiratif de la manière dont le glissement d’un registre à l’autre s’opère simplement avec le changement du rythme de la narration (plus lent, plus suspendu, avec la rupture fantastique), l’apparition de gestuelles stylisées, de maquillages… tout en subtilité. L’histoire en elle-même n’évite pas toujours l’écueil du moralisme (qui commande pratiquement aux pauvres de se résigner à leur condition) mais elle est souvent d’une vérité poignante, en toute simplicité. Tout particulièrement lorsque sont évoqués les menaces et les horreurs de la guerre, ou bien l’amour et les chagrins conjugaux. Eric Rohmer a pu apercevoir dans le film les mythes de l’Odyssée et de Lancelot.
Mais pourquoi ne fait-on plus de films comme ça, à la fois narratifs, avec coups de théâtre, suspense et émotion, et de surcroit ouvertement réflexifs, moraux sans être moralisateurs ? Du cinéma de grande classe !
Un film surprenant ! J'essaie depuis peu d'emprunter tous les films du classement émis par les Cahiers il y a peu. Voyant que ces Contes caracolaient dans le haut; je me suis empressé de l'emprunter. Comme tous ces films qui sont encensés par les critiques, il y a toujours un effet d'attente très fort ce qui nous mène parfois à des déceptions. Pendant les quarante premières minutes, je me disais ce film va très certainement devenir incroyable. Cependant je me demandais pourquoi un tel engouement: la réalisation était très intéressante mais j'étais tout de même dubitatif. Puis le film prend un tournant incroyable: je ne m'attendais pas à ça ! Soudain la caméra devient plus que poétique, les personnages rutillent, et la magie de ces fantomes opère. Une force incroyable émane de ce film; toute cette ambition n'est finalement plus qu'un rêve et le retour sur soi devient primordial. Pour ce tournant dramatique ( au sens littéral) et cette poésie, soyons élogieux ! Quatre étoiles ! Cela me donne envie de découvrir d'autres films de Mizoguchi.
J'ai eu la chance de voir divers films japonais de diverses époques avant de voir ce film de Mizoguchi. C'est donc sans aucun apriori que je l'ai vu. Bien que moins spectaculaire qu'un Kurosawa qui apporta une dimension véritablement épique aux films d'époques, ce film de Mizoguchi reste tout à fait intéressant. J'ai été particulièrement sensible au personnage de Genjuro et à son aveuglement par son désir de réussite pour assurer un meilleur niveau de vie à sa famille, ainsi qu'au paradoxe que cela implique : tenter d'améliorer leur niveau de vie, au détriment même de la famille. De plus, il est de notoriété publique que Mizoguchi portait un regard tout à fait particulier sur les femmes, dans la vie et dans ses films. Un regard presque bienveillant. Ainsi, il va réaliser plusieurs films dont l'intérêt se porte essentiellement sur les femmes. Dans cette lignée, nous pouvons citer Les soeurs de Gion. Ce qui intéresse Mizoguchi, c'est leur position sociale, leur différence entre elles et les hommes, ainsi que les rapports complexes qu'elles entretiennent avec l'amour. C'est justement ce que l'on retrouve dans Les contes de la lune vague après la pluie. La femme de Genjuro, ainsi que le fantôme de la princesse, sont très proches. Proches dans le sens où toutes les deux sont mortes en « poursuivant » l'amour. Donc l'esprit de la princesse n'est pas à mettre en opposition avec l'épouse de Genjuro, mais en parallèle. Au niveau de la forme à présent, on remarque que les plans de Mizoguchi sont plus ou moins longs. Certaines séquences sont filmés en plan séquence, et des scènes rapides en un seul plan. Il s'agit là d'une des particularités du réalisateurs, qui allait d'ailleurs un peu à contre courant des productions cinématographiques de son temps. Nous noterons aussi un certain travail au niveau du maquillage, qui n'est pas sans rappeler, surtout pour le fantôme de la princesse, les masques du théâtre traditionnel japonais. Bref, film à voir et revoir !
Une jolie fable sur deux villageois qui rêvent d'un avenir brillant, sans réaliser que le bonheur est à portée de main et qu'il ne sert à rien de se démener pour y accéder, qu'il suffit de se laisser porter par la vie. Le film est moralisateur, oui, mais sans la lourdeur qu'on pourrait craindre d'un tel sujet. En fait, c'est très simple, tourné, comme le nom l'indique, comme un conte fantastique, et du début à la fin le plaisir reste entier.
Sous ce beau titre ce cache également un beau film qui s'il n'a pas su me capter dès le début nous offre une mise en scène parfaite, des séquences de toute beauté et un plan final beau à en pleurer. Je me 3/4 en attendant de le revoir, la fin m'a vraiment beaucoup plu, belle, très belle.
Revoir "les Contes de la Lune Vague" aujourd'hui, alors que notre connaissance et compréhension du cinéma nippon "classique" et de Mizoguchi en particulier a été multipliée, nous expose à une vraie surprise : si l'on retrouve, éblouis, le sens - indiscutablement génial - de la mise en scène et de l'image du grand maître, le film - considéré, rappelons-le, comme l'un des plus grands chefs d'oeuvre du 7e Art - surprend encore par la complexité presque "théorique" de sa narration - pleine d'ellipses - comme de ses thèmes. Car l'on retrouve ici mêlés à l'habituelle compassion mizoguchienne pour les gens de peu, pour les femmes en particulier, écrasés par une société brutale, un travail de réécriture de l'univers des contes traditionnels japonais (les fantômes...), ainsi qu'un souci d'expérimentation quasi maniaque sur la forme (photo, musique, rythme) qui radicalise, tout en douceur, le film. Et qui le transforme en une expérience parfaitement saisissante, donc.
Chronique universel du rêve d’idéal déçu et de l'espérance trompée, Les Contes de la lune vague après la pluie relate la tragédie de deux couples, d’un côté, deux femmes réalistes et aimantes, de l'autre, deux époux aux ambitions démesurées qui aveuglés par leur ambition et détournés de la réalité par le leurre du pouvoir feront l'expérience du désastre. L’histoire se passe à la fin du XVIe siècle pendant une période trouble pour le Japon, avec des guerres incessantes. Le paysan Tobeï rêve de gloire militaire mais devenu samouraï, il reviendra au village avec sa femme devenue prostituée, après l’avoir délaissée tandis que le potier Genjuro poursuivant un rêve de richesse succombera aux sortilèges d’un fantôme d’une princesse et rentrera au village en apprenant que son épouse a été assassinée.
En suivant pas à pas ces deux hommes lâches, cupides et menteurs, le film montre sur un rythme méditatif le renoncement et l’exploitation de la gente féminine japonaise causé par le comportement arrogant et indifférent de 2 mâles égoïstes mais qui dans leur perdition réaliseront trop tard la souffrance bien réelle qu’ils ont causé chez leurs femmes. Par ailleurs, dans ce chef d’œuvre où est habilement mélangé l’illusion et la réalité, la fin se conclut par le rappel des valeurs essentielles d'amour et de protection de l'enfant. Enfin, le tout est bien sûre filmé avec fluidité par une main de maître par Kenji Mizoguchi, réalisateur prolifique de 89 films qui a reçu avec les Contes de la lune vague après la pluie, le Lion d’or à Venise en 1953.