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QuelquesFilms.fr
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4,5
Publiée le 18 mai 2015
Un an après avoir obtenu une reconnaissance internationale en étant couronné à Venise pour La Vie d'Oharu femme galante (1952), Kenji Mizoguchi confirmait dans ce même festival en décrochant un Lion d'argent pour Les Contes de la lune vague après la pluie. Voilà qui permit de consacrer, en Europe, le talent du cinéaste. Un peu tardivement hélas : Mizoguchi décédera peu de temps après, en 1956, laissant derrière lui pas moins de 85 films (!), en partie disparus aujourd'hui. Cette reconnaissance permit aussi de faire découvrir de nouveaux pans d'un cinéma asiatique fécond, alors bien mal connu. Les Contes de la lune vague après la pluie demeurent l'oeuvre la plus célèbre de Mizoguchi en "Occident", souvent citée parmi les meilleurs films de l'histoire du cinéma. Le scénario est né d'un curieux croisement de deux oeuvres littéraires : celle d'Ueda Akinari et celle de Guy de Maupassant. Féru de littérature (et ayant eu accès dès son enfance à des romans étrangers), le cinéaste et ses deux scénaristes (Yoshikata Yoda, Matsutarô Kawaguchi) se sont inspirés de plusieurs contes de ces deux auteurs pour donner naissance à cette fable morale qui développe la thématique de l'illusion et de la désillusion, entre réalisme et fantastique. Sujets aux illusions de toutes sortes (rêves de gloires, amours fantômes, etc.), les hommes en prennent ici pour leur grade : ils sont belliqueux, cupides, orgueilleux, égoïstes... Leurs folies et leurs faiblesses sont destructrices. À l'inverse, la gent féminine est célébrée (comme toujours dans l'oeuvre du cinéaste) pour sa lucidité, son courage, son amour, ses sacrifices. Les femmes apparaissent à la fois comme les victimes et les vecteurs de rédemption d'une humanité perdue. Cette opposition confère au film une tonalité unique, mélange de violence et de douceur, de trouble et de sérénité, entre cruauté et pardon. Tout cela s'exprime à l'écran dans un noir et blanc superbement contrasté, esthétique propice à la confusion fantastique entre deux mondes, à la frontière indistincte de la lumière et de l'ombre, du visible et de l'invisible, des vivants et des morts. La réalisation et le cadrage, rigoureux et "carrés", laissent s'infiltrer naturellement le mystère. Cela donne quelques grands moments de poésie sombre (la scène nocturne et brumeuse à bord d'une barque) ou d'amour magique (la scène de pique-nique entre la princesse et le potier). La séquence finale est également nimbée d'une émouvante beauté mystérieuse. Mizoguchi avait initialement envisagé un dénouement moins moral, plus noir, sans retour ni repentance. Aurait-il été plus beau ?
Conte moral à la limite du fantastique moquant la bêtise des hommes et glorifiant la sagesse et la résilience des femmes. La photographie est belle, mais il faut aimer les outrances du théâtre japonais ( grimaces, acteurs qui surjouent ) en plus des kimonos et des soieries.
Un potier et un paysan pris par l'avidité et la gloire délaissent leurs épouses pour respectivement faire des affaires grâce à la guerre et devenir Samouraï .
Cela fait maintenant quelques semaines que j'explore le cinéma asiatique, continuant d'approfondir certains metteurs en scène et en découvrant d'autres, c'est au tour de Kenji Mizoguchi avec Les Contes de la lune vague après la pluie qu'il réalise en 1953 alors qu'il avait déjà plus de 30 années de carrière derrière lui et plus que 3 devant...
Ici il nous emmène dans le Japon du XVIème siècle où la guerre civile bat son plein pour y suivre deux villageois, un potier et un paysan, qui vont partir en ville pour espérer y trouver richesse et/ou réaliser leurs rêves. Adapté de plusieurs histoires écrites par Ueda Akinari, on va y suivre le parcours de ces deux hommes attirés par l'argent et la grandeur au point de leur faire perdre le sens des réalités et de les entrainer dans une chute inévitable où, que ce soit eux ou leurs proches, ils n'en ressortiront pas indemnes.
Il se sert du contexte de la guerre qui offre quelques opportunités pour dresser un portrait peu tendre de l'être humain où la cupidité et l'égoïsme peuvent primer sur le reste. C'est avec intelligence et surtout puissance qu'il montre les conséquences des actes des deux villageois, où Mizoguchi les entraine dans une terrible descente en enfer. Le récit est passionnant et très bien exploité, le cinéaste japonais y inclut quelques touches surnaturelles qu'il maitrise avec brio et joue avec la frontière entre le rêve et le réel, tant dans l'esthétisme que dans l'avancement de l'histoire.
Si l'écriture est déjà de qualité, elle bénéficie surtout d'une mise en scène qui en est à la hauteur où Kenji Mizoguchi met en place une ambiance sombre et fascinante, proche du surnaturel. Se montrant brillant derrière la caméra (mouvement, plans etc), plusieurs séquences sont magistralement orchestrées tandis qu'il capte à merveille les sentiments et sensations des personnages. Il arrive à faire ressortir toute le force et la richesse de son récit, montrant certains aspects abjects de l'humain avec intelligence mais aussi certains points comme le pardon et l'amour.
C'est au coeur du Japon du XVIème siècle que je découvre le cinéma de Kenji Mizoguchi avec Les Contes de la lune vague après la pluie et c'est avec force, intelligence et talent qu'il étudie l'humain à travers une descente aux enfers aussi terrible qu'effrayante.
Film le plus côté de Mizoguchi, c'est pourtant le moins bon de la dernière période de sa carrière, le seul parmi la grosse dizaine que j'ai vus qui présente quelques défauts. Si le lyrisme, le cadrage, la lumière sont toujours au paroxysme propre au réalisateur, et que le début (jusqu'à la séparation) est impeccable scénaristiquement, la suite alterne les scènes magiques (la romance avec le fantôme, symbole de l'illusion type feu-follet) et quelques facilités incompréhensibles de la part de l'auteur de L'intendant Sansho, Les amants sacrifiés ou encore La rue de la honte. Il fait preuve d'un optimisme nouveau, qui permet aux personnages de réparer leurs erreurs et revenir au point de départ, alors que l'irréversibilité des actes a toujours tenu une place centrale dans le cinéma de Mizoguchi. Pourtant, certaines scènes restent extrèmement puissantes, comme celle où un des personnages accomplit son "acte d'héroïsme", lacheté suprême, ou encore la mort de la femme laissée sur la côte au début, peut-être la plus stupide, mais aussi terriblement "humaine" que le cinéma a offerte. Bon film, mais très dispensable dans la filmographie de l'auteur, même si c'est lui qui l'a fait connaître en Occident.
Les films japonais des années ont vraiment une aura bien à eux: pour commencer on retrouve les thèmes de l'après seconde guerre mondiale, tout ce qu'elle a engendré placé ici dans le monde féodal, pendant une guerre civile. On retrouve quatre personnages principaux (Teibo, Mikiyashi, et deux autres) qui vont se séparer soit par pure envie égoïste ou alors par choix et obligation. Ils vont se perdre et choisir des routes bien différentes: prostituée, martyrs, samouraï ou encore prince fou tous deviennent des fantômes de leur passé. Et les transitions nous montrant des ombres sur le mur du Manoir de Katikio ne sont pas la pour contredire. La musique change aussi de style durant l'aventure. Tranquille et douce au début, elle devient de plus en plus dure et effrayante, jusqu'à atteindre un certain point. Ce chef-d'oeuvre mériterait une ressortir DVD, car il est magnifique et bien plus explicatif que la plupart des récits récents. Et toute les coutumes japonaises, avec ses geishas, palais, traditions, bref respect total de la tradition.
Une immersion dans la culture japonaise et de la poésie avec ce conte fantastique dont l’intrigue se situe près du lac Biwa près de Kyoto, à la fin du XVIème. La photo est soignée et la mise en scène au cordeau, comme toujours avec Mizoguchi.
Un film étrange, assez onirique, ce caractère étant encore renforcé par l'environnement moyenâgeux. J ai eu du mal à rester dedans... mais au final une oeuvre rare à découvrir
Tout nous emporte dans cette fable, qui mêle morale, vertus, leçons de vie, et même une pointe de mysticisme. La réalisation de Mizoguchi est très belle, les acteurs ont un jeu très juste et n'en font jamais trop
Un film surprenant ! J'essaie depuis peu d'emprunter tous les films du classement émis par les Cahiers il y a peu. Voyant que ces Contes caracolaient dans le haut; je me suis empressé de l'emprunter. Comme tous ces films qui sont encensés par les critiques, il y a toujours un effet d'attente très fort ce qui nous mène parfois à des déceptions. Pendant les quarante premières minutes, je me disais ce film va très certainement devenir incroyable. Cependant je me demandais pourquoi un tel engouement: la réalisation était très intéressante mais j'étais tout de même dubitatif. Puis le film prend un tournant incroyable: je ne m'attendais pas à ça ! Soudain la caméra devient plus que poétique, les personnages rutillent, et la magie de ces fantomes opère. Une force incroyable émane de ce film; toute cette ambition n'est finalement plus qu'un rêve et le retour sur soi devient primordial. Pour ce tournant dramatique ( au sens littéral) et cette poésie, soyons élogieux ! Quatre étoiles ! Cela me donne envie de découvrir d'autres films de Mizoguchi.
Dans un petit village paisible, deux hommes qui ont pourtant tout pour être heureux se mettent subitement à avoir des ambitions démesurées. Lun souhaite devenir un samouraï puissant et respecté, tandis que lautre souhaite amasser une grande fortune à laide de ses poteries. Sans se douter du prix à payer ils courent vers leur folie. Et cest à leurs épouses den subir les conséquences... A trop courir après des désirs lillusoire, lon risque de sombrer dans un monde dillusions. Grand défenseur de la cause des femmes, bien souvent tributaires de la bêtise des hommes, Mizoguchi dépeint ici le destin de deux femmes qui bien que courageuse et sensée, sont amenés au désastre par lopiniâtreté et lavarice de leurs maris. Car bien que tout laisse à penser initialement que les deux hommes sont les « héros » de cette histoire, ce sont finalement leurs deux épouses qui savèrent porter en elle toutes les qualités du héros. Ce drame « féministe », mêlant un surnaturel métaphorique à la dure réalité de la guerre civile, bénéficie dune photo et dune musique superbes. Tout au long du film sont entendus de lointains coups de tambours inquiétant, annonciateurs de la tragédie à venir. Lutilisation de décors en studio et la parfaite connaissance quen a Mizoguchi lui permet une mise en scène oppressante, focalisée sur ses personnages, tout en étant dun esthétisme et dune finesse dune rare beauté. Rarement un conte avait été aussi bien contée et aussi bien retranscrit, et sûrement est-ce en cela que Ugetsu Monogatari (choisissons le titre original plutôt que le titre français autant interminable quincompréhensible) est devenu un des chefs duvre du cinéma.(+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)
L'un des grands films du cinéma, évidemment, au titre mystérieux à l'image du récit. Si les histoires s'entrelacent il en est une qui domine tout : celle de Genjuro, potier japonais parti à la ville faire fortune et conquis au passage par Dame Wakasa, fantôme remonté d'outre-tombe afin de maintenir Genjuro dans son antre. Un peu comme George O'brien dans l'Aurore de Murnau,le héros expérimente la tromperie, le repentir et le retour à la norme et à la terre à la mort de sa femme. Et pourtant, s'il est construit comme un mélo, c'est tout le film qui sinue aux confins du fantastique à mesure que Genjuro tournoie dans les délires du désir. A ce titre l'Eden erotique de Dame Wakasa est somptueux à l'image. C'est un horizon évidé qui contraste avec la profusion étouffée des corps dans les scènes réalistes. Tout le film repose du coup sur cette tension masturbatoire du mélo et de l'éros qui anime Genjuro : La misère d'un côté et la magie branlée de l'autre. Mais en même temps, c'est à tel point fluidifié au montage qu' on y oublie tout mode de pensée binaire. Comme chez Tarkovski, on entre avec "Les contes de la lune" dans l'essence sous-marine de l'art, du rêve et du kif.
Pour un film réalisé en 1953, je trouve le scénario original et avant-gardiste. Quelques scènes très violentes (viol collectif ou le meutre du général avec une lance) sont filmées avec un réalisme impressionnant quand on connaît le conservatisme qui régnait dans les pays occidentaux, à cette époque. Par ailleurs, Machiko Kyô et Masayuki Mori jouent à merveille. La scène du fantôme cherchant un mari dans le monde réel est unique ! On y découvre également un Japon traditionnel, dominé par les Shogun et les Samouraïs. Je ne connaissais pas l'époque des guerres civiles et, en plus de m'être diverti, j'ai pu enrichir ma culture générale de cet épisode historique.
Très beau film de Mizoguchi avec une belle touche artistique. Histoire poétique simple avec un beau final. Film a découvrir absolument pour son caractère du réalisme appuyé.