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chrischambers86
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3,0
Publiée le 30 juillet 2012
Jean Grèmillon fut, hèlas, un cinèaste maudit! Venu du documentaire et de l'avant-garde, il dèbuta de façon très remarquable à la fin du muet, avec cette "Maldonne", avant d'être renvoyè pour dix ans à des besognes! Mais concentrons nous sur ce film muet novateur de 1927 (dont la copie fut restaurèe par la Cinèmathèque française) où il n'est pas question d'erreur commise dans la distribution de cartes, mais plutôt d'un enfant prodigue d'une noble famille qui reprend possession de son domaine en connaissant la fuite, le mariage et la libertè, surtout! En homme èpris de cette libertè, l'immense acteur de thèâtre qu'ètait Charles Dullin (qu'il faut - cinèmatographiquement parlant - fèliciter) est, comme à son habitude extraordinaire! Un Grèmillon à re(dècouvrir) puisque le cinèaste maîtrise une fois de plus son sujet...
Formidable, le muet est souvent ennuyeux mais ici grace aux mouvements de caméra et à la recherche constante de plans originaux le film est très vivant, la scène du bal est splendide. Le jeu de Charles Dullin complète parfaitement la réalisation de Grémillon, on comprend parfaitement l'ambiguïté du personnage et il y a peu de passages à vide, la fin seule est un peu décevante.
Maldone est le premier film de fiction de J. Gremillon, ainsi que son unique muet (de fiction), auparavent il avait tourné quelques documentaires, notamment un sur des travailleurs italiens en France. Dans un registre impressionniste, Gremillon comme à son habitude s'attaque aux Passions des Hommes, ici Maldone. Maldone est issu d'une famille de grand propriétaire terrien, il à fui sa condition il y a déja 20 ans, vagabond, heureux coureur de jupon et partisan des plaisirs les plus simples, Maldone est épris d'une gytane, qui fait flancher son coeur au rythme de son accordéon. Le temps, rien n'arrête l'eau d'une rivière, et le destin de Maldonne le rattrape. Condanner à retourner chez lui pour reprendre ses titres, Maldone sombre, dans la nostalgie. Les Passions sont trop fortes, les années ni font rien, mais comme l'eau de la rivère ne revient jamais au même endroit Maldone a beau revoir la gytane, celle-ci ne peut plus s'éprendre de lui, ni de quiconque qui appartient à son passé. La douleur est trop forte pour Maldone que faire? Se restreindre à vivre dans sa douleur, entre ce qu'il est et l'appel de ce qui l'était?
Une première partie où Gremillon semble s'empêtrer dans le muet. Il ne peut s'empêcher de vouloir faire vocalement communiquer ses protagonistes. Manque de pot, technologie lacunaire, les sons ne sortent pas. Ce n'est quand dans la seconde partie, à partir du bal de la Saint Jean, que le film, dans un silence total, muet comme on l'entend : sans accompagnement musical, prend son envol. La scéne du bal est une démonstration de ce que le cinéma d'art peut donner mieux. Une maitrise parfaite du montage et du cadrage, avec des enchaînements rapide qu'Aronofsky reproduit de nos jours. L'histoire, un peu bateau, est celle d'un homme tiraillé entre deux natures : le vagabond et le riche propriétaire. Si Charles Dullin a du mal à être crédible en vagabond, il trouve toute une vertié de jeu, lors de cette même scéne époustouflante du bal de la Saint Jean. Une expérience exquise que celle du muet sans musique. "Maldone" est donc un grand film de Gremillon cottoyant le trés beau "Le ciel est à vous".