Un film de Clint Eastwood, immense acteur et metteur en scène de génie, ça ne se refuse pas. Même quand il n’est pas à la barre, comme c’est le cas ici, puisque c’est « papy » Petersen (qui lui ferais mieux de prendre sa retraite) qui réalise. Heureusement, Dans la ligne de mire est sortit en 93, époque où ce dernier savait encore donner du rythme à ses récits et où Clint était à l’apogée de son charisme (il a toujours été d’ailleurs). Dans la ligne de mire peut se voir comme un honnête divertissement même si la trame du récit est beaucoup plus subversive qu’il n’y parait, puisqu’il s’attaque, en filigrane, à l’une des plus grandes tragédies américaines : l’assassinat de Kennedy. Eastwood y joue un agent des services secrets attaché à la protection du Président qui était présent à Dallas le 22 novembre 1963, jour qui a changé sa vie à jamais, puisqu’il n’a rien pu faire pour empêcher le drame. Jusqu’au jour où un psychopathe se met en tête de tuer le président en place. Ce bon vieux Clint va reprendre du service et va tout mettre en œuvre pour le stopper (il ne veut pas rentrer dans l’histoire comme l’homme ayant perdu deux présidents et on le comprend). S’engage alors un jeu du chat et de la souris diabolique qui va amener le héros à se poser LA question crucial dans se genre de métier : aurais-je les couilles pour prendre la balle fatidique ? Un duel psychologique entre deux homme prêt à se sacrifier et aussi intelligent l’un que l’autre. Le psychopathe c’est John Malkovich, épatant, bluffant, sadique avec un plan bien huiler en tête (ce qui donne les meilleurs rebondissements du film). Il ferait limite passer Norman Bates pour un enfant de cœur. Epaulé par des seconds couteaux savoureux (René Russo au meilleur de sa forme) et un scenario diablement efficace et qui casse même certain code établit (le héros attrape la grippe ce qui fausse son jugement et prouve qu’il peut être faillible), Dans la ligne de mire, excellent divertissement doit son intérêt principal à une seul personne : encore et toujours le grand Clint Eastwood. Jamais on ne l’avait vu comme ça auparavant (et rarement depuis). Son jeu à changé, il est devenu plus subtil et il nous montre à voir des facettes qu’on ne lui connaissait pas. En faite c’est sans doute la première fois qu’il assume enfin son âge (63 ans à l’époque). On souffre avec lui quand il court au coté de la limousine présidentiel alors qu’il puise en lui ses dernières force, on est ému quand il repense à ce jour où tout à basculer (sa vie et celle de l’Amérique), on rit quand il balance à ses partenaires des petits pics d’humour dans la tronche, mais surtout on tombe sous le charme quand il essaye de draguer maladroitement sa collègue comme un collégien (Si elle se retourne c’est que je lui plais. Allez vas y tourne toi un petit coup d’œil vite fais) 2 avant de laisser totalement place au romantisme pur avec le sublime Sur la route de Madison. L’acteur déploie, avec ce rôle des trésors d’inventivité et de finesse. Tout le contraire (au niveau des sentiments) de Malkovich, terrifiant en cinglé psychotique. Un duel psychologique au sommet entre deux méga stars qui laisse pourtant la place, quand il le faut, à des scènes d’action mené avec classicisme mais efficacité (la course poursuite sur les toits). Alors si vous ne l’avez pas encore vu laisser vous tenter en plus comme je l’ai dit, un film de ou avec Clint Eastwood ça ne se refuse pas.