Une oeuvre d'art. Krzysztof Kieslowski avec "Trois couleurs : Bleu" signe un des films les plus bouleversant, poignant et surtout admirablement interprété que j'ai vu au cinéma. Une femme vient de perdre son mari et sa fille dans un accident de voiture. Brisée par le chagrin elle vend tous ses biens et s'installe à Paris. La musique et l'amour que lui porte un homme la libéreront progressivement de son deuil. Kieslowski plonge le spectateur au plus profond de la douleur. La couleur bleue joue un rôle essentiel dans le film, en imprime chaque plan et joue un rôle quasi-dramatique comme la superbe et lyrique musique de Zbigniew Preisner. Juliette Binoche est merveilleuse, superbe, remarquable et trouve LE rôle que chaque actrice rêve d'incarner. Lion d'Or à Venise en 1993, prix d'interprétation féminine pour Juliette Binoche, meilleure photo, César de la meilleure actrice, Bleu a été unanimement et justement salué par la critique mondiale. Bleu est un film qui redonne espoir, qui fait croire en la vie, qui montre l'importance qu'il faut accorder aux signes qu'elle nous envoie. C'est également un hymne à la mort mais surtout à la vie et à l'Amour. Bleu est un film sensoriel, cristallin où la lumière bleue irradie quasiment chaque plan (sublime photo de Slavomir Idziak), bleu du souvenir, bleu de la mémoire, bleu du pendule décoratif, seule pièce du passé du personnage de Julie qui la suit dans son nouvel appartement, dans sa nouvelle vie. Une dernière trace de vie encore en elle malgré sa fuite et son refus de voir la vérité en face. Pour Kieslowski, l'amour offre une seconde chance. Ici, l'ex-collaborateur de son mari, épris d'elle, veut qu'elle termine la symphonie commencée par celui-çi avant de mourir. Bleu=Liberté : Julie se libérera du chagrin dans lequel elle s'est emmurée, libérée de cette douleur intense. La vie est une symphonie avec ses envolées lyriques et ses abîmes : quand le doigt de Julie suit sa partition, la musique prend vie, Julie revient à la vie.