Boston, de nos jours. Un gang dévalise banque sur banque en semant la terreur sur son passage. La directrice d’une banque prise en otage a du mal à se remettre de son traumatisme, pas aidée par le FBI qui la harcèle de question. Et elle ne sait pas que son nouveau boyfriend se trouve être un des braqueurs qui veut garder un œil sur elle.
Les intentions de Ben Affleck réalisateur sont claires : faire un polar urbain classe et léché, sur les traces Michael Mann (Heat, Miami Vice) ou plus récemment, Christopher Nolan (The Dark Knight). On sent bien que ce vieux Ben c’est donné les moyens de réussir : un cadre urbain omniprésent et filmé d’hélicoptère, un casting de stars de la télé, de vieux briscards et de petits jeunes qui montent, ainsi qu’un budget adapté pour pouvoir filmer de longues fusillades et poursuites en voiture musclées. Les emprunts (ou références, on appelle ça comme on veut) à Heat sont tellement appuyés qu’on ne peut que saluer les efforts du réalisateur pour ne pas réaliser juste un film d’action, mais bien un polar urbain, avec des personnages, de la psychologie et du suspens.
Mais on y croit pas. On ne croit pas au personnage de Ben Affleck, héros censé être un redoutable braqueur mais qui s’avère être un gentil nounours attentionné et sensible. En matière de antihéros, Ben Affleck acteur n’est vraiment pas bon, et ce n'est pas la première fois. On ne croit pas à ce scénario facile et raccourci où l’histoire repose sur une directrice de banque chic qui habite dans le quartier le plus mal famé de la ville et qui va au lavomatic. On veut bien être bon public mais il y a quand même des limites. Les ressorts dramatiques de l’intrigue sont massifs, parfois grossiers, et d’une telle banalité que l’on a l’impression d’avoir parfois déjà vu le film. Et enfin on ne croit pas à Blake Lively (Gossip Girl), venue s’encanailler en jouant la prostituée avec accent, maquillée comme une voiture volée, et qui est absolument ridicule à chaque apparition. Retourne vite faire les magasins Blake, ça vaudra mieux pour tout le monde.
Dur de tenir un film dans ce cadre là. Et contrairement à son précédent film Gone Baby Gone qui instillait un malaise et une noirceur prenante, tout est ici clair comme de l’eau de roche, sans ambigüité et sans question. Les braqueurs, le FBI, le parrain, les femmes esseulées et boum-boum pan-pan. La dernière scène d’action, tendue et violente à souhait, remonte un peu le niveau, mais il est déjà bien tard. Quant à la tentative d’insérer son film dans une dimension sociale en filmant longuement les rues de Charlestown, c’est à la fois louable sur le fond et pénible à l’arrivée tant Ben Affleck l’exécute avec lourdeur.
La seule chose que le réalisateur arrive à bien faire, c’est créer de vrais personnages quant il dispose d’acteurs ayant la carrure. Dans ce registre, Jon Hamm (Mad Men), Pete Postlewaithe (l’avocat d’Usual suspects) et Jeremy Renner (Démineurs) sont épatants, et donnent par petites touches un souffle au film qu’on ne sent jamais quand il s’attarde longuement sur les états d’âme de son héros.
Le film n’est pas haïssable, ni même raté, il est juste d’une grande banalité et ne fait jamais d’étincelles ce qui est problématique quant on souhaite marcher sur les traces d ‘un virtuose comme Michael Mann. Au milieu du film, le héros cite Les Experts Miami comme étant sa série favorite. La référence est assez cruelle car on est effectivement plus proche d’une vieille série B des familles que d’un grand film d’action…
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