Expérience tout à fait sympathique qu'est The Town version cinéma, un film qui convaincra le grand public et les cinéphiles de par ses acteurs motivés (Jeremy Renner en forme, vole la vedette à Affleck), son histoire cohérente et sa mise en scène efficace. Même constat qu'avec le récent Argo, Affleck filme avec précision mais sans charme, mais aussi avec de l'ambition. La force de The Town réside dans son panel de personnage ultra crédibles, développés, vivants, attachants, quoique certains seconds couteaux se montrent assez fade, c'est avant toute intrigue de braquage une histoire d'amitié fraternelle qui se cogne à une histoire d'amour, moins réussie, plus désuète. Ceci peut en partie s'expliquer par la performance moindre de Rebecca Hall par rapport à celle de Jeremy Renner, mais aussi par son classicisme ennuyeux. Le tableau brossé de Boston est très affiné, son réalisme donne une épaisseur toute puissante au scénario qui s'étoffe au point de franchir timidement le seuil de la cour des grands. Scorsese l'avait fait avec Mean Street, avec dix fois moins de moyens et dix fois plus de talent, mais le résultat est là, palpitant, excitant, porté par une musique tantôt grave et sourde qui cherche à envelopper Boston de ténèbres comme le faisait la partition d'Hans Zimmer avec Gotham dans The Dark Knight. La tension monte en flèche lors de fusillades jubilatoires, jusqu'à culminer à son paroxysme avec la mort de Renner. Le problème c'est qu'on se rend compte que le film meurt avec lui, l'intérêt allant ensuite decrescendo durant la dizaine de minutes qu'il reste avant le générique. Le sort réservé à Affleck, acteur bon mais qui ne réussit pas à trouver un jeu qui lui appartient vraiment, s'oublie aussitôt que le film s'arrête, alors qu'il s'agit du héros. Dommage, car The Town est affublé d'une pléthore de qualités cinématographique non négligeables, et constitue un thriller d'action très prenant.