Alors que Ben Affleck, deux Golden Globes en poche pour son dernier film, Argo, cours en direction des oscars, profitons de nous replonger sur son deuxième long métrage, The Town. Faisant suite à l’excellent Gone Baby Gone, là où le réalisateur en herbe adaptait Dennis Lehanne en laissant sa place à son frère cadet, The Town est par-dessus tout la preuve que l’ami Ben est attaché profondément à sa ville, Boston. Oui, Le réalisateur ambitieux et réjouissant transvase en quelque sorte le mythique Heat de Michael Mann à Boston, son quartier défavorisé, Charlestown. Oui, n’est pas forcément un génie le commerciale ayant eu l’idée de vendre en coffret ces deux films.
Bref, Affleck dirige habilement, en prenant parallèlement la place d’acteur principal, son deuxième long métrage, sans réelles surprises cependant. Attention, je n’entends aucunement que The Town n’est pas satisfaisant, c’est un tout bon film, mais manquant parfois un peu d’audace, d’innovations, dans le sens où l’on sent irrémédiablement la proximité d’avec son modèle, là où le braqueur était Robert DeNiro et le flic Al Pacino. Oui, la relation unissant un gang de braqueurs et les forces de l’ordre est au centre du récit. Des voyous déterminés mais intelligents, à la solde d’un parrain local crime organisé, traqués tous autant qu’ils sont par un agent fédéral persévérant, avide de mettre un terme aux braquages. C’est donc une course contre la montre doublée d’une romance délicate que nous délivre Affleck, sans réelle fausse note.
Finalement, l’aspect le plus poignant de The Town, c’est cette affection pour le quartier mal famé de Boston, une proximité de la jeunesse du réalisateur. La communauté de Charlestown, son mode de vie, est le point de mire de cinéaste, qui nous faisant vivre un récit policier habile et attractif, disserte en parallèle sur la vie du quartier. La preuve en est la phrase préambule au film, c’est mentionnant que je suis fier d’être de Charlestown, même si ce quartier a bousillé ma vie. Coté montage, photographies et autres prises de son, les travaux sont d’une rare propreté, peut-être même un poil trop. Affleck a très vite saisi les ficelles du métier, et s’il est pour moi un opportunisme bien heureux avec Argo, il fût là un bon élève, un excellent premier de la classe.
L’acteur réalisateur est finalement accompagné devant la caméra d’un casting très solide, Jeremy Renner en truand névrosé en tête de liste. L’on notera aussi un casting féminin excellent, Blake Lively, oui, mais surtout Rebecca Hall, plutôt touchante. Finalement, John Hamm incarne l’on ne peut mieux ce flic frustré et vorace à la poursuite de nos anti-héros. Solide, à l’image de l’immersion que procure le film dans les milieux bostoniens, dans l’univers des natifs irlandais se proclamant américains lorsque l’usage le veut. Très bon film, inflexible, exemplaire, mais n’atteignant jamais ses limites, un plafond qu’Affleck, avec plus de panache, aurait traversé. 16/20