Ce 18ème James Bond est conforme à la mouture générale de la saga : le célèbre espion est confronté à un grand malade qui veut asservir le monde. Ici, le projet est d’envergure, puisque c’est en déclenchant une crise entre les anglais et les chinois qu’il veut monopoliser l’information sur l’intégralité du globe, dans le seul but d’assurer et de monopoliser son audimat. Certains pourraient dire que le choix n’est pas des plus judicieux, jugeant plus logique d’opposer les américains aux chinois. Il est vrai que le rapport de force aurait été intéressant, mais n’oublions pas que tout le secteur faisait partie de l’empire britannique il y a encore peu de temps. Après "Goldeneye", Pierce Brosnan ré-endosse le costume toujours impeccable de l’espion, avec le même charisme qui lui permet de mettre en avant le raffinement typiquement britannique, caractérisé par l’élégance toute aussi britannique. Il forme un excellent duo avec Michelle Yeoh pour le côté exotique, et avec Teri Hatcher à qui le noir va si bien. Quant à Jonathan Pryce, il campe un super mégalo un peu trop stéréotypé, horriblement cliché ; pour avoir réussi à monter une affaire aussi ambitieuse que celle qui nous est présentée ici, je l’aurai vu avec plus de finesse. L’intrigue nous est contée avec une grande simplicité, ce qui nous change des quelques épisodes compliqués dans lesquels on s’y perd plus ou moins. Cela est un avantage, mais à l’inverse, "Demain ne meurt jamais" est marqué de quelques grosses ficelles qui interpellent, comme le fait que James ait eu par le passé une aventure avec la femme du méchant monsieur, lequel présente pourtant bien sous tous rapports. Cet heureux hasard rend l’approche plus facile… Donc oui, ce scénario parait vraiment simple, et il l’est ; aussi les scénaristes s’en sont donné à cœur joie dans l’inventivité quant aux scènes d’action. Le prélude a été tourné dans les Pyrénées françaises, à la station de Peyragudes, seule station possédant un altiport. L’entame très explosive donne le ton du film, qui entre résolument dans l’ère moderne, avec un recours important aux gadgets plus ingénieux les uns que les autres. Et ça passe par le téléphone multifonctions, qu’on peut presque considérer comme l’ancêtre du smartphone d’aujourd’hui. Il est vrai qu’en presque 20 ans, tout a considérablement évolué, ce qui a fait du spectateur quelqu’un de toujours plus exigeant, surtout après avoir vu des James Bond excellents comme "Casino Royale" ou "Skyfall". "Demain ne meurt jamais" n’en demeure pas moins distrayant, boosté par la qualité de sa pyrotechnie et par une intrigue originale qui devrait faire réfléchir les journalistes sur leur perpétuelle quête du scoop. Le gros bémol en ce qui me concerne réside en le fait qu’on voit nettement la simulation des bagarres, ainsi que les vitres de la BMW qui explosent sous l’épreuve des balles alors qu’elles résistaient aux coups de masse, des coups de masse qui n’ont même pas réussi à laisser la moindre rayure !
Tout cela pour laisser libre cours à la montée en puissance de l’action avec notamment ce mortier qui traverse de part en part le véhicule sans bobo
. Il n’empêche que le réalisateur Roger Spottiswoode remplit son contrat en s’inscrivant dans la ligne générale de la franchise, avec les recettes qui ont fait la gloire de cet agent secret. Un bon divertissement qui ne révolutionne pas le genre.