(...) Ce qui me frappe toujours après toutes ces années et les multiples visions du film, c'est son exceptionnelle richesse, aussi bien thématique que formelle. John McTiernan est un des plus grands réalisateurs US de la seconde moitié du XXème siècle et le voir évoluer à un tel niveau est un pur bonheur. Son style nerveux explose à chaque séquence ou presque et c'est surtout sa maestria purement formelle qui épate. Revoir ses films montre à quel point il manque aujourd'hui. La caméra bouge beaucoup, les cadres sont dynamiques, il y a toujours du mouvement dans le champ mais aussi en hors champ, la narration est d'une fluidité rare et surtout le découpage est d'une précision chirurgicale. C'est simple, il utilise un plan là ou la plupart des autres cinéastes actuels en mettent cinq et pourtant, le rythme ne faiblit pas. (...) Arnold Schwarzenegger n'a jamais été l'acteur le plus doué du circuit hollywoodien mais il le savait et du coup, il s'entourait des meilleurs. Avec ce film, il poursuit son entreprise de démolition de son mythe, un cycle entamé avec "Total recall" qui lui avait permis de jouer sur différents registres et de montrer que bien diriger, il était capable de surprendre. En retrouvant McTiernan, il enfonce le clou et livre ce qui reste sans doute comme la prestation la plus complète de sa carrière. Car oui, Schwarzy n'a peut-être pas été nommé aux Oscars mais je trouve ça injuste au vu de la palette de jeu qu'il déploie ici. Avec son rôle de Jack Slater, il jouera aussi bien la comédie pure que le drame plus profond, réussissant à émouvoir au détour d'un plan, d'une réplique ou bien d'un regard qui en dit long. Que ce soit devant la photo de son fils (fictif) décédé ou quand il fait le triste bilan de sa vie devant Danny ou encore quand il se rend compte qu'il est un personnage de fiction sans identité propre, il est vraiment épatant. Peu avare d'efforts dans les scènes d'action (même s'il reste beaucoup doublé), il habite le cadre avec son charisme habituel tout en faisant preuve d'une auto-dérision réjouissante. (...) le film en lui-même est un pastiche géant du monde du cinéma, une fable acide qui dénonce les clichés tout en jouant de ces derniers et qui surtout, se révèle être une formidable déclaration d'amour à cet art. Aussi féroce soit le film avec le genre, je dois admettre qu'il est bien difficile de ne pas se sentir comme un gamin devant ce spectacle de tous les instants. Danny connaît tous les rouages du genre, comme le spectateur, et pourtant, il est hyper heureux de se retrouver dans le film, tout comme moi j'aurai rêvé en faire partie.(...) "Last action hero" est un chef d'oeuvre unique, bourré de trouvailles, de répliques géniales, de situations incroyables, de plans grandioses et de générosité. Un film à voir, revoir, re-revoir et re-re-revoir etc. La critique complète à lire ici