Von Sternberg nous montre comment l'homme peut se détruire pour une femme dans ce film superbe qui commence par des accents de comédie et finit par le pathétique lorsque le Professeur (interprété par l'immense Emil Jannings) est forcé à faire un numéro de clown sur scène devant ses anciens collègues et élèves qu'il a quitté pour Lola Lola (Marlene Dietrich, plus sensuelle que jamais), chanteuse de cabaret aguicheuse. Le drame vient du fait que c'est le Professeur qui a foutu sa vie en l'air tout seul pour une de ces filles comme on en croise dans tous les cabarets. Si la gestuelle des acteurs a pris un coup de vieux (le parlant n'était qu'à ses balbutiements), le film en profite pour en tirer également sa force.
Au moment de la rédaction de ces lignes l’ange bleu affiche glorieusement ses quatre vingt ans. Cet âge canonique impose le respect envers une œuvre méritant largement de récolter encore de nos jours quelques impacts émotifs.
Pourtant le jeu chargé d’Emil Jannings symétriquement positionné entre un mime incéré dans un visage contorsionné par le verbe cinématographique naissant n’aide pas l’opus à être pris au sérieux.
Tout est affreusement daté, poussiéreux, maniéré et pourtant quel impact surtout en posant son regard sur la sublime Marlène dont le léger dévoilé entretient le plus beau des phantasmes.
Lola Lola ne fait qu’aguicher rien de plus, c’est l’homme qui maitre de son destin se laisse récupérer puis consumer volontairement par une passion destructrice faisant de lui une marionnette grotesque entre les mains d’une insensible héréditairement pervertie, jouissive dans la manipulation et l’indifférence.
« L'Ange bleu » par moments pathétique dépeint admirablement la descente aux enfers d’un fonctionnaire rongé par un conformisme démesuré dont la face cachée mise subitement en lumière devient incontrôlable.
Le choix de l’amour fou permet à un consentant de tester une déchéance choisie dans des absorbions destructrices palliatives le menant vers la folie.
Un chef d’œuvre sur un passager clandestin qu’il ne faut surtout jamais réveiller, l’autodestruction.
Un film superbe, aux faux aspects de comédie déja-vue au début, il tend progressivement vers le drame et atteint une appogée grandiose lors du seul spectacle de clown pendant lequel on a les larmes aux yeux. Evidemment Dietrich est là et elle perce l'écran, cette femme fatale "faite pour aimer" mais elle ne fait pas tout ce chef d'oeuvre.
Les cinéastes allemands auront décidemment marqué les origines du cinéma et les prémisces du parlant. En même temps que Pabst faisait exploser la bombe Louise Brooks, Von Sternberg envoyait sur les écrans la jeune Marlene Dietrich, incarnation d'une beauté glacée et forcément fatale, objet de désir dans une histoire d'amour fou et destructeur. La descente aux enfers du personnage interprété par le grand Emil Jannings est décrite sans concessions et semble découler d'un processus irréversible, d'autant plus que la chute engendrée par la passion se double d'une aliénation totale de l'individu, soumis et humilié, n'existant plus qu'au travers du regard de l'être aimé. "L'ange bleu" est écrit comme un conte dont la narration se fait sur les terres certes balisées du classicisme, mais dont l'issue fatale vient renforcer l'idée que les histoires d'amour finissent mal... En général.
L'ange bleu est un joli film des années 30 qui raconte le destin tragique d'un homme épris d'une chanteuse de cabaret, spoiler: avec laquelle il va se fiancer et perdre la raison suite à l'adultère de celle-ci . Marlène Dietrich devînt célèbre grâce à ce premier rôle. Elle a une beauté aussi glaciale que froide (dans le bon coté).
Magnifique mélodrame de Josef von Sternberg , premier film parlant tandis que le muet tendait à sa fin. Ce chef d'oeuvre , on peut l'affirmer, doit beaucoup d'une part à l'interprétation exceptionnelle d'Emil Jannings, professeur détesté de ses élèves qui tombe dans un amour passionnel envers une danseuse d'un cabaret poisseux "L'Ange bleu" au point de l'épouser alors qu'elle est toute jeune et que lui est un vieillard. Son amour conduira à sa perte puisqu'il suivra la route de la troupe pour devenir un clown grotesque. Marlène Dietrich joue cette femme candide admirablement, véritable icône féminine vénale et sublime l'écran avec ses séquences de chants. La mise en scène de von Sternberg est d'une intensité colossale, dosé d'un humour impeccable mais surtout d'un modernisme impressionnant. Le cabaret se transforme en amphithéâtre, les élèves du professeur sont cruels envers lui et un autre de la classe... Le réalisateur allemand a lui aussi été subjugué par Marlene Dietrich puisqu'il tournera beaucoup de films avec celle ci par la suite. Pour conclure , "Der Blaue Engel" est une pièce maîtresse sur le rabaissement et la dégénérescence de la personne. Un film à ne pas oublier!
Malgré son age le film reste très agréable à visionner, une réalisation moderne parfaitement cohérente qui mêle étroitement humour et drame. une interprétation savoureuse de professeur d'école pour Jannings et si ce n'est pas le meilleur role de Dietrich elle impose déjà sa marque.
L'ange bleu représente le tragique destin d'un homme et sa terrible déchéance après être tombé victime de son propre désir, Emil Jannings est époustouflant, une prestation pour laquelle je n'ai pas plus de mots afin de la décrire. Marlene Dietrich est aussi parfaite, et le marriage entre ses vêtements provoquants et la caméra de Josef Von Sternberg est formidable, additionons maintenant ce marriage avec la qualité du scénario et l'interprétation de Jannings et l'on obtient un des meilleurs joyaux du Septième Art, tout simplement. A voir plus qu'absolument !
OK, je conçois qu’en 1930 ce film ait pu rencontrer ce succès. Mais bon, franchement, aujourd’hui, il est pour moi totalement irregardable. Deux heures d’une tragédie finalement bien classique menée avec les méthodes de l’époque, c'est-à-dire avec lenteur et gros sabots. Alors oui, je conçois que parler de gros sabots au regard des codes de l’époque c’est totalement anachronique. Mais bon, moi je suis un spectateur du XXIe siècle, et ma sensibilité a malheureusement été façonnée par ce siècle là. Donc, qu’on le regarde parce que c’est un classique, why not. Mais franchement, à mes yeux c’est vraiment pour zèle culturel plutôt que pour le plaisir car, à mes yeux, voir ou ne pas voir « l’Ange bleu » ne change en définitive rien à ma vision du cinéma.
3 étoiles pour ce premier film parlant du cinéma allemand, mais aussi pour la performance des deux acteurs principaux. Cependant la première moitié du film m'a paru longue.
D'un côté Marlène Dietrich, une bien jolie vache déguisée en fleur. De l'autre Emil Jannings, un professeur émérite qui - à force d'encaisser les coups de l'humiliation - se transforme en boulet de canon imprévisible. Entre ces deux personnages : L'Ange Bleu, microcosme social au sein duquel foisonnent les quolibets et autres moqueries du peuple. Avant toute chose, il est important de resituer le film dans son contexte historique : nous sommes en 1929, à l'aube du parlant, et l'Allemagne est en crise. Même si Hitler ne sera élu chancelier que quatre années après le film de Joseph Von Sternberg, on sent déjà un profond malaise social évoquant la discrimination raciale ( difficile de ne pas y penser face à la déshumanisation du professeur, traité de mal en pis au fil du long métrage ). En parallèle à ce contexte, on retrouve dans L'Ange Bleu l'héritage de l'expressionnisme allemand : la distorsion des décors et les éclairages contrastés en sont la preuve. L'oeuvre de Von Sternberg jongle en permanence entre cet héritage et la prescience d'un avenir totalitaire. En cela, L'Ange Bleu est un film charnière, définitivement daté, mais d'une noirceur émouvante. Même si le cinéaste allemand aurait pu davantage approfondir l'épaisseur de ses personnages ( le plus souvent réduits à la caricature ), il signe là une mise en scène délectable en termes de détails. Un très bon film, à voir absolument : un classique.