Somptueuse adaptation de l'ouvrage écrit par Heinrich Mann, Professeur Unrat, Der Blaue Engel reste un chef d'oeuvre du septième art. Il est aussi le premier film allemand parlant de son histoire, avec à l'affiche la merveilleuse Marlene Dietrich et le talentueux Emil Jannings. Renversant, il interprète un professeur des écoles au caractère complexe, dissimulant, tout en nous déverrouillant petit à petit, les divers cadenas d'une exploration psychologique dérangeante, dans lequel il est l'étude par le réalisateur, priorité du spectateur. Au tout début, il nous donne l'apparence d'être un homme comme un autre, bien qu'autoritaire et froid, représentant ce qui peut sembler conforme à l'attitude d'un tel invididu. Ses élèves le méprise, c'est un être solitaire. Un jour, il découvrira par l'intermédiaire du souffre douleur de sa classe qu'une partie d'entre eux se rendent à l'Ange Bleu, cabaret en total opposition avec les principes moraux de ce maître de l'éducation. Il s'y rend, tombe malencontreusement sous le charme de sa vedette de spectacle, Lola Lola. Il est important de souligner que le rôle de Marlene Dietrich a fait polémique à l'époque, notamment pour la scène où elle se pose sur un tonneau en chantant. Comble intellectuel absolu, Immanuel Rath se marie avec ce monstre de l'exhibition. Ce changement psychique brutal explose les principes rigoureux de cette victime de l'amour. Le drame est fatal. En outre, cette relation amoureuse reste ambigue. Au début heureux, la liaison perdure dans le temps, s'essouffle, se meurt. Devenu clown, le contraire de ce qu'il était avant, c'est-à-dire sérieux, pour devenir vulgaire, de ce personnage détruit par le piège de l'amour. Lorsqu'il reviendra pour jouer dans son village où il enseignait jadis, humilié par la population et rejeté par sa femme, il meurt, symboliquement, sur le bureau de son ancienne classe. De l'Expressionnisme parlant, rayonnant, éblouissant, pour une peinture de la tragédie amoureuse inoubliable.