Deuxième film de Pedro Almodovar que je visionne, et si le premier avait été une belle surprise, là c’est déjà moins enthousiasmant. Un style toujours punchie, mais beaucoup moins de finesse et de percussion en fait.
Clairement, je crois que c’est assez net, après une première partie prometteuse, le film s’enlise dans son propos. Le métrage finit par tourner en rond dans la seconde moitié, où l’on sent le réalisateur obligé de meubler avec des séquences un peu hot, des dialogues plus longuets qu’attrayants, et des situations empesées. Et puis il y a des incohérences (les deux scènes avec Banderas et Abril nue, c’est assez incohérent si on compare les deux). Et puis force est de constater que la qualité d’analyse sociale du cinéma du réalisateur est un peu sacrifiée ici, au profit d’un film qui joue clairement plus la carte de l’excentricité.
Visuellement on retrouve le style du réalisateur, dans les décors, le travail sur les couleurs, la mise en scène alerte. Le film est assez rafraichissant, il y a quelques idées de réalisation sympathique, sans être significativement ambitieux (moins que son film précédent en tout cas), dans la mise en scène, c’est plutôt bien fait, le tout servi par une bande son agréable, mais assez discrète finalement, en dehors du final.
Les acteurs sont corrects, mais on est loin de la flamboyance habituelle du réalisateur. Sûrement lié au côté huis clos de la deuxième partie du film. Si Banderas et Abril héritent de personnages corrects (même si celui d’Abril m’a paru finalement assez fade dans les faits), passée la première partie ça manque de piquant dans les seconds rôles. Reste qu’Abril et Banderas forme un duo attrayant, et ils sont pour beaucoup dans l’intérêt du film.
Attache-moi, je ne le cache pas, est une déception malgré tout. Le réalisateur a un style qui peut facilement transformer ses métrages en ratage ou en chef-d’œuvre, et même s’il y a de bonnes choses ici, force est de constater que le réalisateur, n’a pas la fluidité, les qualités narratives, l’enjeu social et les seconds rôles pimentés qui font en général la force de son cinéma. 2