En 1960 paraissait "Rabbit, Run", le chef-d'oeuvre de John Updike, qui marqua durablement sa génération. Sept ans plus tard sort sur les écrans américains "The Graduate".
Benjamin Braddock est un avatar de Harry Angstrom. À l'instar du héros updikien, il se cherche constamment, fuit la réalité, ses devoirs, ses responsabilités. L'eau lui est constamment associée, ce qui en fait une créature marine, étrangère, constamment en décalage avec les événements de sa vie, qu'il habite passivement, qu'il contemple en spectateur, même lorsqu'il s'efforce du contraire.
Ainsi, après avoir eu une aventure "malgré lui" avec Mrs Robinson, tient-il à prendre les rênes de son destin, croyant trouver dans l'amour qu'il porte à la jeune Hélène une raison d'exister. Il lui affirme sa flamme d'une manière extrême, extravagante, prêt à tout pour la conquérir. Mais une fois qu'il y aura réussi, la dernière séquence du film nous le montre aussi absent au réel (et à sa femme) qu'au début du film. Il se cherche toujours. C'est un idéaliste et un rêveur. Aucune réussite sociale ou maritale, jamais, ne pourra le contenter. Il continuera de fuir comme il l'a toujours fait, à l'image d'Angstrom, perpétuellement insatisfait, en quête d'un impossible, indéfinissable Graal.