Tiens ! Dustin Hoffman jeune ! Cela sert à ça aussi le cinéma. A voyager à travers le temps, et revoir Dustin à 20 ans, et voir que Le Lauréat ne vieillit pas d’un pouce. Que dire ? C’est le film initiatique « à montrer » à tout ado en pleine crise existentielle. Le rencontre entre Ben/Dustin et madame Robinson est l’une des plus troublantes que j’ai vu au cinéma. La façon dont elle le mène par le bout du nez, tout en plans courts, et répliques pleines de sous-entendus, dépasse par son potentiel érotique bien des films érotiques, bien que plus explicites. Elle, la quarantaine resplendissante, mature, névrosée et agressive sexuellement, qui jette son dévolu sur ce pauvre « puceau » de lauréat, c’est « dérangeant », et c’est beau. Le gros plan de Ben, après avoir conclu, avec madame, la tête sur fond bleu de la piscine, lunettes de soleils qui répondent à la lumière resplendissante du soleil, avec le morceau de Simon/Garfunkel en fond sonore, est l’un des plus beaux du cinéma américain. Ce plan se passe de commentaires ; il est enfin un homme, Ben ! Histoire simple mais sulfureuse, sentiments exprimés complexes, mise en scène en état de grâce, des plans sobres mais d’une sensibilité dingue. Un cadrage qui rend intelligent tellement il est bon. Des seconds rôles, et un décor qui installent une atmosphère, une époque, un milieu : la bourgeoisie californienne. Un humour dont on décèle l’importance seulement après deux ou trois visions, au moins. Une bande son légendaire qui n’est pas pour rien dans l’immortalité du film.
Pauvre madame Robinson, qui veut empêcher la romance entre sa fille et le lauréat. Le final nous montrer pourquoi c’était peine perdue. Telle mère, telle fille !
On n’est pas sérieux quand on a 20 ans.