Vu la finalité du premier opus de Syndicat du Crime, il est bien difficile de comprendre l'intérêt et la mise en chantier d'une suite, même si le fait de retrouver le tandem John Woo / Tsui Hark, ne peut être qu'intéressant et même alléchant.
On a su que c'était plus Tsui Hark, confirmant encore plus son petit côté tyrannique, qui souhaitait faire une suite, et poussa John Woo à l'écrire avec lui puis la mettre en scène, alors que ce dernier avait déjà en tête The Killer. Enfin, ce qui est surtout surprenant ici, c'est le postulat de départ, très abracadabrantesque, à l'image de l'idée du frère jumeau pour faire revivre Chow Yun-Fat, qui était l’élément central du premier film, et que le public appréciait. John Woo dira plus tard que cette idée ne le tentait pas, et malheureusement, ça se ressent un peu lorsqu'on voit ce second opus.
Le Syndicat du crime II est une oeuvre extrêmement surprenante, où le génie côtoie le raté, avec un duo sachant se montrer très inspiré à l'image de quelques séquences d'actions remarquables, mais aussi décevant, comme en témoigne le côté dramatique du film (la naissance du môme de Kit, piètre séquence). Pourtant il y a de bonnes idées qui parsèment l'oeuvre, que ce soit dans l'écriture ou dans la mise en scène, et John Woo montre que, malgré un certain désintérêt, il ne fait pas forcément les choses à la légère.
Une fois passé le postulat de base, le début du film est franchement prenant, Kit et Ho sont intéressants à suivre, c'est plutôt bien ficelé et mis en scène, avant que le récit se découpe en deux. C'est à partir de ce moment, que ça part un peu en cacahuète, avec un scénario qui tend parfois même vers le ridicule jusqu'à en devenir drôle involontairement, et bon dieu que c'est dur à dire lorsqu'on parle de deux cinéastes de cette trempe, et qui m'ont marqué à de nombreuses reprises.
Là où le bat blesse aussi, c'est dans le rythme et le montage, les passages d'une scène à l'autre sont parfois un peu maladroits, et le film manque de dynamisme, alors qu'il en aurait eu bien besoin. Heureusement que Le Syndicat du Crime II bénéficie de superbes chorégraphies, et de fusillades plutôt mémorables, surtout celle finale qui te fout quand même un bel uppercut en pleine poire. Chow-Yun-Fat est toujours très bon dans le rôle principal, et si ce n'est pas toujours à la hauteur autour de lui, il arrive à parfois vraiment porter le film sur ses épaules.
En plus d'être inutile, cette suite se révèle maladroite pour se justifier et surtout dans l'écriture, parfois déplorable, et heureusement que John Woo n'a pas perdu la main pour mettre en scène de grandes fusillades, c'est bien tout ce qu'il reste à sauver ou presque.