Claude Mulot… Le meilleur pote de Pécas si je ne m’abuse ! Mais ils ont pas tourné les mêmes films. Ici, c’est le dernier film de Mulot, une tentative française de giallo, c’est alléchant ! En plus avec Florence Guérin, Brigitte Lahaie, Natasha Delange, ça promet au moins de la sensualité à minima. Le souci c’est que ce métrage est un ratage total ! C’est sans doute le pire giallo que j’ai pu voir et même dans l’œuvre de Mulot je me demande si on est pas au fond du trou ! Il n’y a rien à sauver dans ce film, hormis peut-être l’effort de Florence Guérin pour donner un peu de consistance à son personnage. C’est la seule du reste qui joue bien. Elle n’en fait pas trop, ni trop peu, elle arrive à peu près à donner de la consistance à certaines scènes émotion qu’elle doit jouer, et pourtant, son personnage est affublé de séquences sérieusement ridicules (dont la scène d’ouverture, débile !). Autour d’elle c’est à qui jouera le plus mal, entre le surjeu grotesque d’un Jean-Pierre Maurin, le sous-jeu d’une Brigitte Lahaie, le carrément non-jeu d’un Alexandre Sterling perdu (le film marquera d’ailleurs la fin de sa carrière filante à l’écran). Tous les personnages sont minimalistes et campés par des acteurs sans aucune direction, livrés à eux-mêmes dans une histoire stupide. Le film dure 80 mn et il réussit l’exploit de ne rien raconter. Déjà la première partie est invraisemblable de débilité, et elle conditionne toute la seconde jusqu’au final tout aussi invraisemblable. Les motivations de l’assassin font sérieusement sourire. Comme on se fiche des personnages, leur disparition nous en touche une sans faire bouger l’autre, d’autant qu’on ne comprend rien. Mulot semble suivre un cahier des charges du giallo, mettant laborieusement toutes les scènes qu’il faut mettre, ici, ici et là, mais il ne donne d’épaisseur à rien. Même le côté vaguement « féministe » qui pourrait surnager, avec cette constance de la violence masculine dans le métrage, est laissé sur la touche. Le film est vide, creux, réalisé sans passion, et ça se sent.
Visuellement c’est une cata. Mulot rate systématiquement tous ses meurtres. La mise en scène est illisible (on arrive même pas à voir l’arme du tueur !), les effets sanglants sont d’une laideur consommée, les effets de style pour faire giallo (notamment certains éclairages à la Argento) sentent le gratuit et l’artificiel à cent km à la ronde… Franchement, la seule bonne séquence du film tient à cette introduction abstraite qui petit à petit devient figurative. Elle suit un générique à la musique assez lourde et plutôt engageante, mais au bout de 30 secondes, quand les 5 premières minutes du film sont dédiées à une séquence qui sert uniquement à mettre de l’érotisme gratos on se dit que ça va pas le faire. Et en effet, Mulot semble avoir fait ce film essentiellement pour mettre des meurtres sanglants (mais totalement foirés !) et des scènes de nudité. Il déshabille toutes ses actrices, à 90 pct dans des scènes en trop dans le film, ce qui finit par devenir risible, et ce, même si les actrices ont été bien choisies, je dis pas ! Mais ça suffit pas.
Le Couteau sous la gorge est un authentique nanar giallesque. Mulot en fin de parcours qui signe probablement son pire film. Ennuyeux, bordélique, mal fait, c’est le bas du panier du giallo et la preuve qu’il suffit pas d’un rasoir et d’actrices nues pour faire un giallo digne de ce nom. 0.5