Thriller par excellence des années 70, Marathon Man prouve une nouvelle fois que Dustin Hoffman, alors âgé de 38 ans, est bel et bien un acteur en devenir. Aux côtés des confirmés Roy Schneider et l'impressionnant Laurence Olivier, il crève l'écran dans l'adaptation du roman éponyme de William Goldman réalisé par le metteur en scène de Macadam Cowboy, John Schlesinger. Clairement scindé en deux parties, le long-métrage nous plonge dans l'atmosphère envoutante, glauque et sournoise de New-York, ville violente et sans pitié pour ses habitants originaux. Avant toute chose, Schlesinger instaure ses bases, son décor, ses personnages, sa trame : Babe est un jeune étudiant désireux de prouver avec sa thèse que son père avait raison quant à une théorie sur le maccarthysme, son frère Doc est un agent secret tentant d'empêcher un ancien criminel de guerre nazi voulant récupérer un trésor de guerre. Babe est faible, simple citoyen lambda courant chaque jour pour préparer son premier marathon, tandis que son frère est un véritable James Bond, doué pour reconnaitre les faussaires et se battant comme un lion. Lorsque ce dernier est assassiné, tout bascule pour notre héros qui, d'homme ordinaire, va devenir une proie pour des détracteurs invisibles, des tueurs sans pitié, qui le tortureront à travers deux scènes cultes ("Est-ce sans danger ?"). Dès lors, le rythme s'avère sans temps mort, effréné et palpitant : courses-poursuites haletantes, confrontations sanglantes, faux-semblants nombreux et paranoïa constante, le film bascule dans le pur thriller qui prend tout son sens. Schlesinger utilise New-York comme un personnage à part entière, avec ses rues tantôt bondées tantôt vides, ses citoyens peu amicaux et ses continuels chantiers. Si la première moitié du film n'a en soi rien de bien original voire de passionnant, la seconde nous entraîne dans le parfait thriller paranoïaque où la confiance disparaît et où les doutes deviennent légion ; une seconde partie tout simplement époustouflante. Ainsi, autour d'une réalisation exemplaire, d'une interprétation sans faille (la confrontation Hoffman/Olivier reste dans les annales) et de passages mémorables (ne serait-ce que l'intrusion dans la salle de bain de Babe, un pur moment de frissons), Marathon Man reste un chef-d'œuvre du thriller d'angoisse qui n'a pas pris une ride.