Cinq ans après le choquant La Dernière maison sur la gauche, son premier long-métrage, Wes Craven s'attaque à la mise en scène d'un nouveau produit horrifique qui allait continuer sur sa soif de films viscéraux tirés de faits divers réels. Ainsi, avec La Colline a des yeux, le réalisateur s'intéresse à une petite famille américaine moyenne qui, en route pour Las Vegas, s'arrête en plein désert du Nevada. Là, ils vont faire la rencontre de rednecks assoiffés de sang, violents et organisés, qui vont peu à peu décimer les membres de cette famille ordinaire. Pour ce qui reste des Carter, c'est un véritable retour aux instincts primaires s'ils veulent survivre à ce massacre... Surfant sur la vague du survival instauré par Délivrance, le long-métrage reste néanmoins original, Craven proposant un scénario malin et terrifiant qui laisse le spectateur s'attacher à la petite famille pour mieux le faire sursauter face à une série de rebondissements sanglants tous plus impressionnants les uns que les autres... Instaurant progressivement un climat pesé, presque dérangeant, le metteur en scène réussit à nous couper l'herbe sous les pieds grâce à des séquences à chaque fois plus choquantes, d'un triple meurtre sauvage en pleine nuit à un affrontement final percutant. La survie devient le mot d'ordre pour le reste de la famille, principalement composé d'adolescents qui vont devoir faire fonctionner leur matière grise pour venir à bout de leurs traqueurs cannibales et apparemment adeptes de rituels inédits. Loin des ados stupides ou des héros patriotiques invincibles, les protagonistes du long-métrage sont tout simplement communs, banals, insignifiants, une vraie petite famille américaine en proie à des rednecks sanguinaires et cannibales cachés dans un endroit où aucune aide n'est hélas possible. Le film ayant pris de l'âge, l'interprétation reste forcément très inégale. Car si on retiendra aisément la prestation de Dee Wallace-Stone et surtout de l'atypique Michael Berryman, le reste du casting n'est pas très convaincant et fera rire les nouveaux venus, ceux qui n'ont toujours pas vu l'original et ne connaissent que le remake d'Alexandre Aja. De plus, le look post-nuke ringard des cannibales n’effraiera plus personne, bien au contraire, et renforcera le côté légèrement kitch du film. En revanche, malgré ses nombreuses rides, La Colline a des yeux conserve tout son impact, son réalisme, son efficacité et son originalité. Cette originalité fait d'ailleurs finalement du long-métrage l'un des tout premiers films du genre qui lancera par la suite une grosse série d'émules qui n'arriveront que très rarement à l'égaler.