Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Kloden
128 abonnés
997 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 4 février 2016
Avec Cet obscur objet du désir, Luis Buñuel partait sur un chef-d'oeuvre qui condensait son style surréaliste et ses obsessions pour les contrariétés amoureuses et la bourgeoisie. Traités sur un mode grotesque, les attentats qui occupent l'arrière-plan du film amènent un quelque chose d'alarmant et d'abscons, comme si tout allait exploser de façon ridicule et sans qu'on y comprenne rien. Buñuel, à travers ses personnages, les considère de loin, leur importance étant de loin dépassée par l'obsession charnelle du personnage de Fernando Rey, qui désire follement une femme qui se refuse à lui. Ainsi, le film s'inscrit dans une veine presque maladive peaufinée par des décors qui se font écho (parcs, appartements bourgeois et grilles sont omniprésents) , traçant un tableau mental, comme celui d'un paysage inextricable. Concernant le travail d'ambiance, j'ai beaucoup pensé à Sueurs Froides et sa ville qui répondait directement à l'état psychologique de son personnage, sans jamais que celui-ci ne manifeste la conscience de sa situation alors que tout l'environnement semblait la lui crier. Dans son développement et le grotesque de son histoire, ce film testamentaire me rappelle également L'Eternel Mari de Dostoïevski, où les personnages semblaient là aussi les jouets ridicules d'un destin qu'ils embrassaient à la fois en tant que coupables et victimes. C'est d'ailleurs ce genre de sensation souterraine que semble tenter de faire passer Buñuel, de façon bien plus riche que s'il débitait une thèse. Le désir, d'ailleurs, est considéré sous tous ses angles, pour finir par dépasser même l'objet qui le motivait et exister a priori, comme un élan humain dont la source est intarissable. Cette nature inévitable d'un désir dont on ne sait plus quoi faire, dont il faudrait presque se purger en le projetant quelque part est en grande partie amenée par l'idée géniale de faire jouer un même rôle à deux actrices différentes. Jamais utilisé pour appuyer une schizophrénie du désir entre pulsion charnelle et amour spirituel puisque les deux actrices jouent le même comportement (toutes deux se montrent tour à tour offertes et inaccessibles), le procédé concourt simplement à troubler en désacralisant la femme désirée et en faisant remonter le désir au sujet qui l'éprouve, qui continue pourtant de demeurer aveugle en croyant de façon grotesque que tout repose sur une femme et que tout se résoudra en la possédant. Mais en réalité, impossible d'agir d'une quelconque manière sur ces traits complètement inséparables de notre nature. On le comprend de façon simple, par le personnage du psychiatre condamné à débiter des banalités, même s'il comprend ce qui se passe : on peut bien analyser le désir et prendre conscience de sa nature véritable, cela ne permet en rien de s'y soustraire et d'y échapper. Profond, cohérent et très personnel, ce testament est un grand film, qui parle de l'Homme avec la sagesse usée d'un artiste arrivé au bout de ce qu'il avait à offrir, et préférait renoncer à son art (la scène de l'explosion finale signe la victoire nécessaire du désir et des impulsions humaines sur toute forme de recul) pour s'abandonner, le temps qu'il lui restait à vivre. Un chef-d'oeuvre.
"Cet obscur objet du désir" est un film bien étrange. Les personnages sont atypiques, l'humour pour le moins décalé et la progression de l'action surprenante. Tous ces éléments confirment le style surréaliste de Luis Buñuel, avec des choix de décors et de couleurs qui se répondent parfois très bien sans que l'on comprenne vraiment leurs significations. Si j'apprécie beaucoup le film, il ne passionne pourtant pas totalement, à cause notamment de l'alternance des deux actrices (Carole Bouquet et Ángela Molina) pour jouer le rôle de Conchita. De prime abord, cette idée de mise en scène se révèle troublante mais devient finalement vaine, dans le sens où elle n'apporte plus de distinctions relatives au caractère du personnage féminin. On retiendra un final hallucinant et un ensemble qui reste un document précieux sur la complexité du désir.
"Cet obscur objet du désir" est le dernier film de Luis Bunuel. Cette oeuvre surréaliste est passionnante et très intéressante notamment grâce à la duplicité des actrices jouant le rôle de Conchita (Excellente Carole Bouquet et superbe Angelina Molina). Quel jeu des deux femmes! Une très bonne ambiance s'installe et on se laisse "aspirer" par les images. Comme d'habitude chez Bunuel, la mise en scène est parfaite. Le maestro hispano-mexicain en profite même pour écorner un peu l'image de la bourgeoisie. Un classique, à voir!
"Cet obscur objet du désir", sorti en 1977, a un grand défaut : c'est le dernier film de Luis Buñuel ! Chose plus grave, son réalisateur s'est autorisé à mourir en 1983, soit à peine quelques années plus tard. "Cet obscur objet du désir" est un film excellent, qui vaut mieux que 99% de ce qu'ont produit les américains depuis cette époque. Les choses n'ont d'ailleurs malheureusement pas tendance à s'améliorer ces dernières années ! Allez donc voir tous les films de Luis Buñuel et, s'ils ne passent nulle part, procurez-vous leurs DVD...
La renaissance du surréalisme au cinéma, Bunuel en est le maître. Dans son dernier film, il ne récidive pas avec le thème du cadavre exquis et l'absence totale de logique comme dans ses précédentes oeuvres, mais décide de travailler sur une histoire d'amour semblable à Lolita de Kubrick. Tout en restant élégant, le cinéaste introduit encore quelques touches de son style, cependant très minimes. Il fait une éloge ironique de l'amour en comparant ce phénomène à la violence des attentats, et pour pousser le bouchon encore plus loin en comparant la femme à un sac d'ordures ( le plan panoramique du couple principal vers un ouvrier portant un sac ). Les abandons et retrouvailles amoureux s'enchaînent, jusqu'à la dernière séparation, non justifiée ( les paroles inaudibles de Rey derrière la vitrine ) et se terminent par une fin typique de Bunuel. Il n'hésite pas à maltraiter les types de personnalités, comme le nain professeur de psychologie. Bunuel a choisi de faire incarner l'héroïne par deux actrices, sans doute pour traiter du caractère indécis féminin. Il s'agit pour lui d'exprimer un cercle vicieux avec un objectif confus, comme souligné dans le titre, "obscur". Le film abonde de métaphores et de trouvailles scénaristiques, preuve de la grande perfecion du cinéaste.
Déroutant par la duplicité des actrices jouant le rôle de Conchita, mais une fois surmonté la première gêne on s'habitue à ce jeu qui, il est vrai, apporte une belle originalité et une richesse à cette oeuvre. L'ambiance du film est parfaite. Seul bémol: les passages dans le train, un peu désuets.
Dans son tout dernier film, Luis Bunuel nous conte l'histoire d'une passion amoureuse. Ce n'est pas son meilleur film, mais on retrouve sa patte et une Carole Bouquet radieuse.
Luis Buñuel nous offre avec "Cet obscur objet du désir" une exploration assez ironique de la passion amoureuse. L'histoire est celle de Mathieu (l'excellent Fernando Rey), un homme qui raconte, dans un train, son obsession pour Conchita (un personnage interprètée à la fois par Carole Bouquet et Angela Molina), une femme pour le moins inaccesible et qui à été engagée comme femme de chambre. Le sujet est donc des plus plaisant à suivre et le casting à la hauteur de la tâche, mais il ne faut pas non plus occulter la brillante mise en scène du célèbre réalisateur espagnol, qui clôt donc à l'occasion de ce long-métrage et ce d'une très belle façon sa filmographie .
"Cet obscur objet du désir"(1977) est la dernière réalisation d'un Luis Bunuel,qui en était alors à plus de 50 ans de carrière! Dans ce film-testament,Bunuel questionne une fois encore ses grandes obsessions,celles du désir,de la frustration,de la réalité sociale évadée dans une rêverie perturbante. Fernando Rey en alter-eg de toujours,incarne de nouveau l'homme âgé,sorte de pervers raffiné pris en affection,qui se heurte à une maîtresse récalcitrante,à la fois allumeuse et prude,opportuniste et libre. L'idée de génie étant de faire jouer cette fille par deux actrices très différentes, Carole Bouquet et Angela Molina,comme les deux faces d'une même personne. Le tout est conté sous forme de flash-backs, racontés durant un voyage en train Séville-Madrid. En parlant des attentats sur un mode bouffonnesque,Bunuel semble indiquer qu'il quitte apaisé un monde qu'il ne comprend plus. Picturalement,ce film qui dégage aussi un fort parfum érotique,est aussi très réussi.
Dernier film du maître, plein de bonnes choses mais souffrant d'hermétisme. On ne sait pas trop ce qu'a voulu nous raconter Buñuel en adaptant à sa façon (et plutôt librement) le roman de Pierre Louÿs, "La femme et le Pantin" (L'histoire d'une homme amoureux pigeonné par une femme et s'accommodant de cette situation) et on ne le saura sans doute jamais car que de questions non résolues : qu'est ce sac de patates qui apparaît plusieurs fois, pourquoi incorporer tous ces attentats, pourquoi cette scène d'attaque sur la route, pourquoi cette fin absurde (la broderie et l'explosion) ? Et pourquoi cette souris en plastique ? Quant à cette idée de faire jouer le rôle de Conchita par deux femmes différentes, ce que certains qualifient de génial, (Buñuel ne s'est jamais vraiment expliqué sur ce point) disons qu'elle n'est pas gênante, on s'y habitue très vite, mais elle a un inconvénient celui d'empêcher d'entrer dans la psychologie du personnage. Le film n'est pas non plus une critique de la bourgeoisie (ça devient lassant d'entendre répéter ça). Fernando Rey (qui joue très bien) n'est pas un mauvais bougre, il a simplement le tort de croire que l'argent achète tout (rien de nouveau sous le soleil) La critique de la religion (personnage de la mère bigote) manque de finesse. Ça fait beaucoup de points négatifs ! Reste : l'interprétation des Conchitas (avec une Angelina Molina qui crève l'écran et qui est bien supérieure à Carole Bouquet), un doigt d'humour, un zeste d'érotisme, quelques scènes insolites, des personnages secondaires impayables (Pierral, Milena Vukotic...) l'inoubliable séquence de la pièce cachée dans le cabaret, le rôle de parfait abruti du valet Martin, et la mise en scène de Buñuel qui fait qu'on ne s'ennuie jamais même si on ne sait pas où on nous emmène. Ça reste bon mais on est loin des grands Buñuel !
C'est le 7 ou 8ème film de Buñuel que je vois et si je ne peux pas dire qu'il me passionne comme d'autres maîtres notamment car sa mise en scène et les thématiques qu'ils abordent ne me touchent pas spécifiquement, il clair que chacun de ses films est très intéressant et gagnent à être visionné (belle de jour, viridiana et l'ange exterminateur m'ont tout de même grandement plu). Cet obscur objet du désir s'inscrit dans la dernière période de sa carrière puisque c'est son dernier film, ainsi la ressemblance avec son film le charme discret de la bourgeoisie qui m'avais moyennement plu est d’emblée évidente; cette ressemblance tient dans la théâtralité de la mise en scène et de la narration qu'utilise Bunuel. Je dois avouer qu'ici c'est ce style un peu trop froid et figé qui m'a rebuté et qui m'empêche d'être pleinement acquis à la cause du film; cependant c’est justement sur ceci que repose le film et c'est ce qui lui donne son intelligence et son intérêt donc il est ridicule de le critiquer, je me considère juste comme y étant moins réceptif. Donc le processus utilisé par Bunuel d'avoir 2 actrices pour jouer le personnage de conchita est juste génial, toujours très finement utilisé et justifié par la grande ambiguïté du personnage. Avec l'interprétation de Angelina Molina et de la magnifique Carole Bouquet, Conchita deviens l'objet de tout les désirs, de tout les fantasmes, elle obsède et intrigue de plus en plus au fur et à mesure du film et permet à Bunuel d'intégrer dans son récit toutes les figures qui l'obsèdent: la bourgeoisie, la religion, la frustration amoureuse et sexuelle ou encore le terrorisme. Évoluant entre toutes ses figures le film est comme d'habitude chez Bunuel rempli d'une symbolique fascinante et toujours très juste. Le processus narratif constitué de flash-back est très bien utilisé et prend tout son sens à la fin du film où l'on se rend compte que cette confession aux autre passagers du train n'est en rien une rédemption et que Mathieu n'en a pas fini avec Conchita; et la scène finale, splendide prend tout son sens et apparaît comme évidente. Je suis juste un peu déçu d'avoir été retissant au style du dernier film de ce qui restera comme un grand maître de cinéma...
Très bon film, elle arrive à le rendre fou.. pauvre vieux! Par contre, je suis assez déçu de la fin... j'aurais aimé une fin cassante. spoiler: Je ne comprend pas bien pourquoi il retourne avec et qu'ils meurent.
Sinon le film nous renvoi a un amour impossible qu'on a surement tous vécu. Je le conseil vivement!
Voilà le film-testament, le dernier film que Luis Bunuel a réalisé. [i]Cet obscur objet du désir[/i] est, d'après ce que je sais du style Bunuel avec les six films que j'ai vu de lui, est son oeuvre charnière, concentrant tous les éléments de son style : surréalisme, frustrations amoureuses et sexuelles, portrait d'une bourgeoisie en décadence morale, jalousie de l'homme envers la femme, humour décapant. Cependant, cela ne signifie pas que Bunuel se repose sur son cinéma, bien au contraire, il fera des trucs jamais fait comme engager deux comédiennes pour incarner le même personnage Conchita, ainsi Carole Bouquet et Angela Molina, les deux acrices qui incarnent l'héroine, rendent ce personnage parfait, pour que Conchita soit comme "toutes les femmes". Luis Bunuel signe alors un film passionnant sur le désir, auquel il fera une métaphore avec le terrorisme (il est souvent question d'attentats terroristes dans le film) : Le désir amoureux, interminable dû à un "je pars, je veux plus jamais te revoir, je reviens", s'envole alors brutalement spoiler: en une explosion avec la scène finale. Et emporte avec toutes les significations de la filmographie de Bunuel, mourant 6 ans après. Ce film est l'aboutissement d'une carrière plus que réussie, qui associa le cinéma au surréalisme. Bunuel est un véritable artiste, le surréalisme n'est plus un mouvement artistique littéraire, c'est aussi devenu grâce à ce génie espagnol un style cinématographique qui a permis des films extraordinaires, Un Chien Andalou en tête.