A l'occasion de sa ressortie en salles (et en DVD/Bluray) dans une copie restaurée, je viens de découvrir ce film dont j'entendais régulièrement parler, toujours de façon laudative (Vincent Delerm - il est musicien et ne fait donc a priori pas autorité en matière de cinéma, mais me sentant proche de ses autres goûts et influences déclarés...). Et je suis étonné que l'on loue comme son principal atout son scénario (nommé à l'Oscar du Meilleur scénario en 1965, rien que ça !), somme toute confus, voire abracadabrantesque ; il s'agit d'ailleurs, à mon sens, d'un simple prétexte à toute cette salutaire et dépaysante débauche d'exotisme et d'aventures télescopées. Dans cet hybride agité et loufoque de Hergé (l'intrigue pourrait passer pour celle d'un Tintin inédit, rappelant agréablement "L'Oreille cassée", notamment) et de Hitchcock (l'atmosphère légèrement inquiétante, le suspense régulièrement relancé, les instants suspendus - l'escalade risquée de l'immeuble en construction), ce sont d'autres éléments, d'autres aspects qui auront été prégnants lors de cette découverte rafraîchissante et assez jubilatoire, au premier rang desquels la fluidité (des corps, des déplacements, des travelings permis par une caméra leste et intrépide), de laquelle découle cet autre évidence : ce film est, selon moi, une ode au mouvement. Ce film, en dépit de ses "défauts" (qu'il est d'ailleurs difficile de considérer comme tels tant ils s'inscrivent logiquement dans la teneur azimutée et improbable d'une entreprise qui ne s'encombre pas plus que ça d'un souci de réalisme - cf. la séquence en avion, où Bebel se livre "naturellement" à des prouesses de haute voltige, sans rien rien n'indique - au contraire - qu'il soit un pilote hors classe...), possède tant de qualités, de vertus à la source desquelles il fait bon se ressourcer, que cette délirante escapade brésilienne nous offre une précieuse occasion de s'échapper de nos vies désespérément bridées, échappées belles que l'on connait au contact d'Indiana Jones. (Spielberg connaissait-il ce film dont la fin anticipe celles des épisodes de la saga de son héros ici préfiguré, en quelque sorte, dans l'hybride du troufion hâbleur, téméraire et bagarreur avec le professeur-conservateur avisé, déterminé et méthodique)
Moins la cerise sur la gâteau que, réellement, l'un des ingrédients les plus savoureux de mets exotique, Françoise Dorléac est merveilleuse, sexy et délurée à souhaite. Elle nous donne bien des regrets de la carrière qui aurait pu être la sienne si... J'ai souvent eu envie d'être intime avec elle durant la séance ; et cela aussi - tout comme l'expérience par procuration de l'aventure - n'a pas de prix !