Avis sur Le Cambrioleur

J’aime beaucoup ce film, il est original et de ce fait rare. C’est un superbe exercice de style qui combine l’ambiance, la mise en scène et la bande sonore. Le scénario intelligent de David Goodis n'intéresse guère Wendklos qui préfère s’attarder sur les personnages plutôt que sur l’action. Nat Harbin remarquablement interprété par Dan Duryea nous fait ressentir son drame intérieur et ses souffrances. Il sera logique que voyant qu’il a besoin d’elle, Della s’attache à lui. Les plans baroques diverses et variés abondent, le réalisateur en abuse mais certains sont superbes et viennent bien à propos, les autres sont à retenir pour d’autres circonstances. Le cambrioleur est le plus exemple qui soit pour faire comprendre l’art cinématographique car sa mise en scène saute aux yeux grâce à ses excès et ses défauts, souvent la très belle mise en scène n’est pas perçue car 90% des spectateurs ne intéressent qu’à l’histoire, aux effets spectaculaires drôles ou créant du suspense. Ici c' est le plus grand intérêt de ce film plus noir que noir puisque le seul survivant sera le pire de tous et que la pauvre Gladden y aura tout perdu. Des 7 personnages bien identifiés et tous originaux par leur jeu excessif (sauf Dan Duryea) il est necessaire de signaler Jaynes Mansfield fort éloignée de son rôle de Dejanire dans ‘’les amours d’Hercule’’ qu’elle tourna avec son mari Monsieur Muscle (Mickey Hargitay).

Une belle rareté dans le genre film noir. Angles de vue audacieux (parfois inutile comme le point de vue subjectif du fond d'un coffre-fort!), montage très nerveux, rythme efficace. Il manque un peu du sens du suspense d'un Hitchcock ou du baroque d'un Welles pour vraiment tout emporter sur son passage. Enfin c'est mon avis mais le résultat vaut quand même le coup d'oeil. En tous les cas, Dan Duryea, habituel second couteau, porte très bien le film sur ses épaules, et on peut voir Jayne Mansfield dans un total autre registre que celui des blondes idiotes, image dont elle n'arrivera pas à se débarrasser par la suite. Allez-y les 90 minutes de cette très bonne série B passent assez vite.

Une bonne surprise ce polar noir méconnu qui n'a pas un casting aux noms très porteurs (mise à part peut-être Jayne Mansfield) contenant une bonne dose de suspense (à l'exemple de la scène du cambriolage durant laquelle la police fait justement une ronde) ; Le Cambrioleur a aussi un scénario habile qui parvient à décrire ses personnages et leur complexité. Le Cambrioleur finit comme beaucoup de polar noir de cette époque sur une séquence sombre.

Gladden, qui a été confiée à la mort de son père à Nat, aide ce dernier à s'approprier un collier de grande valeur. Au cours du vol Nat est reconnu par un policier qui devient l'amant de Gladden et cherche à son tour à s'emparer du collier. Nat, de son coté, rencontre Della et accepte d'abandonner le collier au policier en échange de la liberté de sa protégée. Il est pourtant assassiné par le policier véreux qui, dénoncé par Della et Gladden, est finalement démasqué.

Film de gangsters qui se laisse voir sans ennui. Le scénario plutôt simpliste, et l'intrigue est moyenne. Les acteurs sont intéressants, mais il n'y a pas d'action (sauf séquence du début : le vol, bien réalisé), et le film peut devenir monotone.