Le film Super Mario Bros est culte pour de nombreux cinéphiles, la majorité criant au navet absolu et une minorité au nanar attachant. On peut comprendre les deux extrêmes, Super Mario Bros nous ayant fait passer par bien des avis en cours de visionnage, l'ouverture nous ayant notamment bien plu. On suit donc deux gars fauchés dans un appartement, dont un craque sur une belle demoiselle, rapidement enlevée par deux voyous aux regards hallucinés, avec une course-poursuite en voitures qui claque. Le doublage VF de Daniel Russo et Emmanuel Curtil, aux vannes tellement nases qu'elles en deviennent brillantes (quand Daisy demande à Luigi de s'occuper de la cascade d'eau qui les noie "parce qu'il est plombier", et que le pauvre gus reste les bras ballants devant l'épaisseur de l'argument, oui : on rit.) donne un sentiment puissant de nostalgie des comédies des années 80/90. Les répliques sont des jeux de mots bébêtes, les gags sont également bon enfants (la course-poursuite en voitures qui termine sur le toit d'une autre... on a encore bien rigolé), Bob Hoskins et John Leguizamo ne sont même pas catastrophiques, vraiment, l'ouverture nous a mis en poche. On s'est seulement demandé quel était le lien avec les jeux vidéos. Et la seconde partie du film nous l'a rappelé, tel un baquet d'eau glacée versé sur la nuque. La suite, dès lors qu'on entre dans le monde parallèle à celui des Humains, est un mélange incestueux entre les Super Mario des années 80 et un délire punk anar sous LSD. C'est là que le film nous a perdu, le délire ne prenant jamais pour nous (on comprend alors le quota de joie de ceux qui aiment : le film pousse son concept destructeur jusqu'au bout, sur ce point, on le respecte). Voici donc un univers entièrement crade, de cuir et de clous, où tout le monde est désabusé, où les Goombas sont des personnes immenses avec une toute petite tête (affreuse) de lézard qui gémit (la qualité des répliques descend en flèche, version monosyllabique) et qui dansent (non, vous ne voulez pas voir ça), Yoshi est un dinosaure en animatronique laide, le Roi (père de Daisy, ici, pas de Peach) est coincé dans une boule de moisissure gluante, et où on pensait voir directement nos deux amis Mario et Luigi en rouge et vert, mais où le film nous fait encore une fois un joyeux doigt d'honneur (ils n'auront cette tenue qu'in extremis, et cela ne change rien à leurs pouvoirs...inexistants). On peut donc voir dans Super Mario un film à deux vitesses : une ouverture proprette et amusante bien rangée dans le style des comédies des années 80/90, puis une suite qui ressemble à un délire camé qui s'éclate à tout envoyer bouler, dressant le majeur jusqu'au bout de son concept avec une impertinence qu'on salue tout de même. Même en ayant subi chaque seconde de cette deuxième partie, on reconnait la capacité du film à surprendre, dans le bon comme le mauvais sens, selon que vous adhériez au trip, ou non. Pour nous, les Goombas aux designs sous ecsta, aux répliques monosyllabiques et à la danse qui pique les yeux, sont notre plus grand point de fuite... il nous faut deux plombiers, vite.