Si toutes les comédies de Shakespeare ne sont pas des chefs d’œuvre de finesse, La mégère apprivoisée est à classer dans les farces. De là à en faire un délire lourdingue, il y avait une marge que ZEFFIRELLI a franchi sans la moindre hésitation. A sa décharge, on peut penser qu’il agissait aux ordres du couple infernal Liz TAYLOR – Richard BURTON, lesquels n’en étaient à l’époque qu’à leur première union et s’appropriaient les premiers rôles d’une comédie classique en toute liberté, comme si le monde leur appartenait. Si Richard BURTON en fait des tonnes, il le fait plutôt bien, tandis que sa partenaire sombre dans le ridicule dès sa première apparition. D’ailleurs, âgée de trente cinq ans (bien visibles à l’écran) elle était bien au-delà des limites du rôle et aurait pu jouer la mère de Catharina si seulement Shakespeare l’avait incluse dans la pièce. La multiplicité des figurants, les costumes parfois délirants, la vaisselle cassée, les bâtiments mis à mal, le tout sur fonds de décor en carton pâte, finissent par être proprement indigestes. Le film ne mérite ainsi nullement que l’on s’en souvienne. Heureusement, dès l’année suivante Franco ZEFFIRELLI réalisait Romeo et Juliette, l’exact opposé de cette lamentable bouffonnerie. Que justice lui soit donc rendue !
A noter la présentation cocasse que fait Allo ciné de la distribution avec comme acteurs principaux Michael HORDERN et Cyril CUSAK (vous connaissez ?) et aucune mention du couple vedette. S’agit-il, comme à l’époque stalinienne, d’une révision de l’histoire ?