"Jules et Jim" revisité trente ans plus tard par l'irrévérencieux Mathieu Kassovitz sur fond de message de tolérance, ça donne "Métisse" réalisé en 1993, où l'on retrouve au casting, en plus du réalisateur lui-même (excellent) les futurs interprètes de "La Haine" que sont Hubert Koundé et Vincent Cassel. Pourtant, Kasso n'avait pas encore adopté le ton provocateur qui fit sa renommée par la suite et, s'il s'accorde certaines libertés, reste dans le domaine du politiquement correct. Eh oui, on est ici dans une comédie de moeurs drôle et touchante, qui ne porte pas encore la marque visuelle de son auteur mais possède bien des prémices de son oeuvre future, que ce soit dans les décors, les personnages, les caractères, les clichés volontairement cités et détournés ou le message un brin rebelle que l'on sent au loin se profiler (cf la scène avec les flics). Ce ménage à trois n'est pas sans rebondissements et le trio imprévisible ne fait que susciter sans cesse un peu plus la curiosité du spectateur que nous sommes, se laissant volontiers embarquer dans cette aventure surréaliste grâce à des interprètes tous impeccables. La diversité des rôles, le côté à la fois sec et naturel de situations mises en relief grâce à des dialogues savoureux ne fait que renforcer notre bonne impression de départ. Au final, cela débouche sur un film très agréable qui sait en plus émouvoir avec justesse. Ce n'est peut-être pas encore du grand cinéma (Kasso fera mieux ensuite) mais que c'est réjouissant ! Quinze ans plus tard, on ne peut que remettre le couvert sur la table et appeler à nouveau à l'amour et la tolérance entre tous, loin des idées xénophobes qui circulent malheureusement de manière bien trop courante dans l'Hexagone. Le racisme n'a pas sa place ici ou ailleurs et s'il est des maux à combattre qui rongent notre planète, celui-ci doit faire partie des priorités. Ce n'est pas naïf, juste réaliste à condition de bien vouloir éradiquer toute forme de discrimination. A méditer.