Il nous est sans doute arrivé à tous de vouloir, à la fin d’une journée, revenir au début de celle-ci pour améliorer l’une ou l’autre chose. Ce retour du même jour, c’est ce à quoi est condamné le héros de ce film. Harold Ramis nous offre ici une comédie fantastique très réussie, qui fait rire, réfléchir et s’émouvoir. Rien que ça ! Le réalisateur joue très subtilement avec tous les potentiels de ce concept original. Il pousse très loin les possibilités comiques du running gag (le copain des assurances, la flaque d’eau, le radio-réveil) ou de l’ellipse temporelle (les claques, les suicides). Les personnages sont tous très attachants, et le concept temporel permet de leur donner à tous de nombreuses facettes ; il est très difficile de ne pas tous les aimer, tous ces habitants ordinaires de ce coin paumé d’Amérique. Les acteurs y sont pour beaucoup aussi, Bill Murray en tête, pour un de ces meilleurs rôles. Il peut ici s’en donner à cœur joie, explorant toutes les facettes possibles de ce Connors, présentateur météo cynique et blasé. Sur cette comédie drôle et originale vient alors se greffer une fable humaniste, un peu à la Capra. Un conte qui nous fait réfléchir sur plusieurs thèmes, de façon assez creusée : le quotidien et le temps en général, la liberté (découlant de l’absence de responsabilité), les relations humaines, et l’amour bien sûr, ainsi que l’altruisme. Ce dernier thème est sans doute le plus touchant, commençant de la façon la plus humble grâce à un vieillard, et continuant dans une sorte de grande vague humaniste, où le héros finit par devenir une sorte de messie guidant vers une société de solidarité absolue. Cette transformation du personnage le plus banal en sauveur est très réussie, et l’on peut facilement s’identifier à ce bel idéal. La toute fin est peut-être un peu trop attendue, mais l’intérêt se trouve surtout dans le parcours initiatique de notre héros, ce looser qui nous ressemble, qui libère tous ses penchants égoïstes avant d’arriver à la rédemption par le dévouement aux autres. C’est donc un très beau conte que nous offre Ramis avec ce « Un jour sans fin » ; une belle parabole sur le temps et l’altruisme, qui n’oublie jamais son humour en route ! Tout simplement intemporel.