Comédie culte des années 90, "Un jour sans fin" a longtemps fait partie de mes retards cinématographiques honteux. Et je dois reconnaître que j’ai été déçu ! Est-ce que l’attente était trop grande ou est-ce que je m’attendais à une comédie hilarante (ce qui ne semblait pas illégitime avec la présence de Bill Murray en tête d’affiche) ? A moins que ce soit, tout simplement le concept de la boucle temporelle perpétuelle qui ait permis au film de rester dans les mémoires. Car il faut bien admettre que cette idée est effectivement géniale. Et qui de plus désigné que le génialement désabusé Bill Murray aurait pu retranscrire la détresse de ce pauvre Phil Connors, journaliste contraint de revivre, encore et encore, la même journée dans un bled qu’il déteste pour couvrir un événement improbable, le Jour de la Marmotte. Non, définitivement, le pitch du film et son interprète principal sont irréprochables. Le problème, selon moi, est ailleurs et s’oriente davantage vers la mise en scène et le sens pris par l’intrigue. Côté réalisation, Harold Ramis a certes quelques idées payantes (à commencer par le running gag du réveil qui s’allume sur "I got you babe" de Sonny & Cher… que vous ne pouvez plus entendre de la même façon après avoir vu le film) et tente, tant bien que mal, d’exploiter au mieux le principe de la même scène rejoué à d’innombrables reprises, il n’évite pas le piège de la redondance. La faute à un manque d’efficacité lors de ces séquences "répétées" qui auraient, à mon sens, énormément gagné à être davantage coupées ou mieux montées. Résultat, le film, qui partait sous les meilleures auspices (avec, outre la boucle temporelle, une présentation amusante des personnages et des gags réussis), devient rapidement répétitif. Et ce défaut est renforcé par la love story assez peu crédible, à mon goût, entre le héros et la jeune Rita (Andy MacDowell), qui prend le pas sur l’aspect comique ainsi que sur le ton des plus moraliste qu’adopte le film à mesure qu’on s’approche de la fin. L’égoïste Phil Connors doit apprendre à se montrer altruiste, généreux, attentif à l’autre… bref, à devenir une meilleure personne s’il veut casser la boucle. Et j’ai trouvé cette évolution en parfait décalage avec l’humour habituel de Bill Murray, bien plus cynique et détaché. Quant aux gags et aux dialogues, j’attendais, également, à rire davantage et, surtout, à être plus surpris. Peut-être aurais-je eu un avis différent si j’avais vu le film lors de sa sortie en salles en 93 mais, avec la mutation qu’a connu l’humour US depuis cette époque (plus frontal, plus référencé, plus cynique…), j’ai forcément été un peu déçu. Dommage car le film ne manque pas de charme et certains personnages secondaires avaient du potentiel (le caméraman Larry joué par Chris Elliott, l’ancien camarade de lycée campé par Stephen Tobolowsky). Au final, et malgré son incontestable place dans la culture populaire (et son influence sur bon nombre de production), "Un jour sans fin" n’entrera, donc, pas au Panthéon de mes comédies préférées et Bill Murray restera, pour moi, le Peter Veckman de "SOS Fantômes".