Vingt ans après King Kong, le Japon s'offre lui aussi son film de monstres, baptisé le kaijū, et nous présente ce qui deviendra un véritable personnage emblématique du pays : Godzilla. Dinosaure de l'ère jurassique réanimé par des bombardements nucléaires, ce gigantesque monstre génétiquement modifié sera présent pas moins d'une vingtaine de films tous plus inégaux les uns que les autres et fera même l'objet de deux remakes américains. Pour ce premier film réalisé par Ishirô Honda, Godzilla est présenté sous sa forme la plus simple : un gros dinosaure ravageant tout sur son passage, détruisant les villes grâce à son souffle radioactif destructeur et présentant une menace gargantuesque pour le peuple nippon... Vous l'aurez saisi, Godzilla est une métaphore filmique d'Hiroshima et Nagasaki, profond traumatisme du Japon qui est ici placé à son paroxysme. Autour d'une intrigue passionnante, révélant les efforts d'un petit groupe de scientifiques et de militaires pour contrer les attaques de plus en plus apocalyptiques du monstre, le long-métrage reste un must en la matière qui, malgré son âge, conserve toute sa force d'antan. Bien entendu, effets spéciaux, maquillages et autres trucages ont vieilli, ne serait-ce que pour le costume kitch de Godzilla, mais replacé dans son époque, le film n'a rien de ringard, bien au contraire. Épaulé par une mise en scène soutenue, une interprétation de qualité, une musique mémorable et le fameux cri du monstre, reconnaissable entre mille, Godzilla parvient encore aujourd'hui à nous proposer un film épique créé avec des bouts de ficelle. Le scénario regorge de moments forts (la destruction de Tokyo notamment) mais aussi de dialogues puissants et intéressants, dénonçant subtilement les dangers du nucléaire et les répercussions possibles qu'il peut avoir s'il est mis entre de mauvaises mains. Ainsi, Godzilla reste l'un des meilleurs films de monstres de tous les temps, un premier long-métrage exemplaire dans le genre et le meilleur opus d'une saga en dents de scie.