En 1992, les gens connaissent John Woo pour ses films de gangsters aux gunfights élaborés et à la symbolique omniprésente. Mais le réalisateur hongkongais commence à être catalogué.
Alors il réalisé A Toute Epreuve, un film qui fait la part belle aux policiers, deux en particulier. Si l’inspecteur Alan passe un bon moment undercover, ne sachant plus démêler le vrai du faux, le vrai héros du film, le très bien nommé Tequila Yuen est présenté comme un demi-Dieu. Dès les premiers instants, le ton du film est donné : le son est tonitruant, Tequila Yuen se sert un verre de tequila avant d’entonner un morceau de jazz à la clarinette avant que des dizaines de mafieux explosent le salon de thé avec des rafales de balles. Voilà ce qu’offre A Toute Epreuve : des séquences aussi dantesques qu’à prendre au second degré. Ca se tire dessus toutes les cinq minutes, le nombre de méchants est ahurissant, Tequila Yuen saute par-dessus des motos pour envoyer une volée de shotgun à un autre motard dans un hangar, se cache sous l’eau pendant un meeting entre Alan et le grand méchant sanguinaire Johnny Wong, rappe une berceuse à un bébé avant de flinguer le mec en face de lui et se permet même de choper la fille. Autant vous dire qu’il renvoie John McClane à ses études, surtout qu’il est joué par l’immense Chow Yun-Fat, dont le charisme est encore inégalé.
Le film est à l’avenant : le méchant est fabuleusement machiavélique et irrattrapable, joué par un Anthony Wong au sommet du cabotinage, son sbire joué par Philip Kwok est mutique et aussi dangereux que du cyanure, le sidekick de Tequila Yuen, joué par un jeune Tony Leung Chiu-Wai, est sympathique, beau gosse et tout aussi azimuté et le troisième acte surpasse même le meilleur des Die Hard. John Woo enchaîne les séquences bourrines sans faiblir pendant deux heures, clairement jusqu’à l’excès, comme en témoigne ce final ahurissant de trois quarts d’heure dans un hôpital où on protège des nouveau-nés en flinguant les mecs en face, tout en se réservant un rôle de deus ex machina (dont la voix est étrangement hors synchro) de barman. A la musique, c’est Michael Gibbs, qui livre une prestation qui ressemble à celle de Commando de James Horner passé aux 33 tours et qui colle parfaitement avec la démesure que cherche à insuffler John Woo.
On considère souvent A Toute Epreuve comme le meilleur film d’action de l’Histoire du Cinéma. Impossible de dire s’il l’est vraiment. Mais il est évident qu’il fait partie du Top 5, tant le film est techniquement parfait et délibérément over-the-top. A Toute Epreuve est un modèle du cinéma policier, un chef d’œuvre pur et simple.