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    Sayat Nova - La couleur de la grenade
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    max6m
    max6m

    74 abonnés 180 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 octobre 2009
    La vision de "Sayat Nova" donne l’impression d’assister à la naissance d’un nouveau cinéma, ou plutôt à la résurrection d’un cinéma qui n’a jamais existé. Comme si, au 18ème siècle, un poète magicien avait inventé l’ancêtre de la caméra, et s’en était servi pour filmer des images-icônes, composant ses tableaux en disposant objets et personnages dans des cadres réels, des murs ornés de tapis en constituant le fond. Exit les mouvements de caméra, exit la profondeur de champ, exit la narration traditionnelle: cet artiste imaginaire aurait agencé ces images sous la forme d’un album, sans raccords spatio-temporels, les entrecoupant juste de quelques vers d’un certain poète, se faisant appeler Sayat Nova, et auquel il dédierait son œuvre. D’où l’impression de première fois, comme un dépucelage, qui envahit le spectateur qui découvre "Sayat Nova". Et comme un dépucelage encore, cette découverte fait parti des expériences qui ne s’oublient pas. Cette succession de tableaux vivants, inspirés des miniatures arméniennes et persanes, entremêle symboles et métaphores complexes dont une grande partie restera assez obscure au spectateur non averti. Mais cela ne l’empêchera pas d’être totalement envoûté par l’incroyable beauté des images, conférant au film une puissance poétique rarement égalée au cinéma. Si tous les films de Paradjanov sont des chefs d’œuvres, celui-ci est peut-être le plus abouti: son langage cinématographique y est ici totalement libéré des contraintes narratives, ne jouant plus que dans le registre de l’allégorie, laissant même l’agencement (le montage) du film aux bons soins de l’univers mental du spectateur. C’est pourquoi chacun verra quelque chose de différent dans "Sayat Nova", et c’est pourquoi chaque fois que je le revoie, je le redécouvre. Imprégné de l’art religieux orthodoxe, le film est aussi un geste sacré, une prière, permettant de réanimer les vestiges de civilisations anciennes et disparues. "Sayat Nova" devient alors aussi une œuvre de mémoire.
    Anaxagore
    Anaxagore

    131 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 juin 2007
    Diffusé en Europe occidentale sous le titre «La couleur de la grenade», «Sayat Nova» (1969) est un film unique, sans ascendance ni descendance. Ode à l'Arménie et à sa culture, cette merveille sera le premier prétexte invoqué par les autorités soviétiques pour persécuter Paradjanov, en l'accusant notamment de «formalisme» et de «célébration des cultures non russes». Ces persécutions déboucheront sur l'incarcération pure et simple du réalisateur arménien en 1973. Le film a très malheureusement souffert lui aussi de toutes ces turpitudes. Diffusé d'abord dans une version «ethniquement expurgée», le film est accessible aujourd'hui dans une version antérieure plus conforme aux voeux du réalisateur mais encore incomplète. L'état de la copie retrouvée dans un atelier d'Arménie laisse hélas beaucoup à désirer, notamment pour ce qui concerne les couleurs. Mais l'ouvrage est à ce point extraordinaire et témoigne d'un génie à ce point manifeste qu'on passera sans peine l'éponge sur ces défauts. Il évoque la vie, mais aussi l'univers mental, du poète arménien du XVIIIème siècle Aruthin Sayadin, surnommé Sayat Nova (le roi du chant). Il se présente comme une vaste mosaïque composée d'enluminures à la manière des contes persans et nous introduit dans un univers richissime, mais extrêmement complexe et difficile à déchiffrer, de symboles et de métaphores. Son style est délibérément hiératique et ressortit au monde de la miniature religieuse à l'espace fermé et dépourvu de profondeur (exclusion systématique de la profondeur de champ!). Tout cela donne des images d'une beauté sans pareille, qui s'impriment à tout jamais dans la mémoire dès le premier visionnage, .... et un monument du septième art qu'il serait criminel d'ignorer!
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