Mon Rohmer préféré. J'ai découvert Rohmer tardivement, avec réticence, ayant entendu répéter, y compris par des personnes se disant cinéphiles, que c'était "long, chiant, intello", en gros le prototype du film dont on ne peut rien comprendre.
La surprise, c'est que Rohmer est tout le contraire : pas une seconde n'est ennuyeuse chez cet artiste de la réalité. La majorité de ses films sont empreints de beaucoup de comédie, et on ne s'étonnera pas que le cinéaste soit fan de Howard Hawks : il en a hérité la légereté, le goût pour les sujets "futiles mais universels" que sont les jeux de l'amour.
"Conte d'été", comme bien d'autres de ses films, est un grand moment de réalisme : tout est possible, tout est vrai. Sauf que Rohmer n'a pas son pareil pour expliciter les sentiments dans leur complexité. De fait, ne pas aimer Conte d'été, c'est simplement fuir le réel et préférer la fiction.
"Conte d'été" pourrait arriver à tout le monde, mais reste néanmoins aussi magique que la fiction, drôle et triste à la fois.
Mais plus que l'histoire, le talent de Rohmer se manifeste d'autres façons. Pas par la photo, même si elle est plutôt jolie (avec ses moyens financiers, il est difficile de retravailler la pellicule pour obtenir les résultats flamboyants du cinéma actuel, ne parlons pas de décors ou de filmages techniques).
L'intérêt vient de la manière virtuose dont il parvient à faire coexister, en toute sincérité, trois histoires d'amour parallèles, chacune avec sa force, son authenticité, sa complexité, tout en les intégrant à sa trame générale. L'autre prodige vient des dialogues introspectifs, qui mettent en mots ce qu'on se dit soi-même, parfois, mais avec bien moins de réussite : peu de films parviennent à égaler cet exploit.
On retrouve aussi le côté philosophique des contes des 4 saisons même si l'on ne parle pas philo comme dans les autres : par l'indécision, la foi investie dans le hasard. Plus une très jolie fin et un superbe intermède musical qui rappelle Rio Br