De Rohmer je n'avais rien vu. Les différents cycles de sa filmographie m'intriguaient, en particulier celui tournant autour des quatre saisons. J'ai donc regardé Conte d'été, qui m'avait été chaudement recommandé, en espérant trouver dans le long-métrage l'ode à la nature que laisse présager son titre. Les premières minutes mettent doucement l'histoire en place en montrant un garçon arriver à Dinard, passer quelques jours seul en tant que touriste, jusqu'à la rencontre avec une fille... Et à partir de là, on a la certitude que Rohmer sait, qu'il comprend ce que c'est d'être jeune, de partir en vacances à la mer, d'errer sur les plages de Bretagne en ayant rien à faire, de se laisser aller au hasard des rencontres... Et, grâce à la simplicité des plans fixes et quelques travellings délicats, il rend tout cela beau et vrai. Il faut voir la façon dont le cinéaste montre Gaspard et Margot se lier d'amitié. Les deux personnes commencent par se parler longuement, chacun leur tour, afin de se présenter. Puis, peu à peu, ils se mettent à répondre plus vite, à être plus concis, jusqu'à devenir vraiment intimes. La proximité est également physique puisqu'ils marchent de plus en plus proches l'un de l'autre, jusqu'à parfois s'enlacer ou se tenir la main. Un naturel à faire tourner la tête se dégage de toutes ces scènes, bien aidé par le charme d'Amanda Langlet qui crève l'écran avec son petit sourire malicieux. Les acteurs (professionnels ou non) font tous preuve d'une spontanéité que je n'avais jamais vue auparavant, à tel point que je me suis à plusieurs reprises demandé si tout n'était pas de l'improvisation. Le niveau de langue me semble trop soutenu pour cela, mais il est si bien employé par les acteurs que le doute subsiste. J'ai également beaucoup aimé les méandres amoureux de Gaspard. Attendant l'éventuelle arrivée de sa petite amie à Dinard, il est condamné à errer en espérant qu'elle finisse par donner de ses nouvelles. Les autres filles croisées vont remettre sa relation en question. Est-ce qu'il devrait profiter de l'instant présent ou attendre sa copine, avec le risque qu'elle ne vienne pas, ou pire, qu'elle ne veuille plus de lui ? Ces interrogations vont également se heurter aux envies et aux émotions des filles rencontrées pour former un méli-mélo amoureux qui sait rester très léger, et presque pur, en un sens. Premier film et première claque de Rohmer donc. Le cinéaste a réussi à mettre en scène les émois de la saison estivale avec beaucoup d'émotion et de sincérité, si bien qu'à la fin j'avais l'impression de dire au revoir à des amis... Je me souviendrai longtemps de Conte d'été, je pense.