Avec ce film, Truffaut renouait avec succès avec la comédie. On est bien loin ici de ses comédies de moeurs, parfois ennuyeuses, parfois jouées catastrophiquement par un J-Pierre Léaud non moins catastrophique ! Cette fois-ci, le réalisateur s'attache les services d'acteurs confirmés ou en devenir. Brasseur, Denner et Guy Marchand forment un trio formidable face à l'infatigable Bernadette Lafont. L'actrice trouve là certainement un rôle à sa démesure. Drôle à souhait, parfois cabotin, ce film est un petit bijou d'humour noir.
On rit davantage en regardant ce film que face à maints films "comiques". Si B Lafont a obtenu un César d'honneur récemment, c'est parce que les César n'existaient pas en 1972 et qu'elle n'a pas pu, à ce moment là, recevoir la statuette qu'elle aurait amplement méritée. Elle est époustouflante. Les "quatre hommes" sont excellents avec peut-être une mention spéciale au regretté Charles Denner. A Dussollier est assez transparent mais c'est sans doute ainsi que Truffaut a du lui demander de jouer. Voilà un acteur qui s'est bonifié, même physiquement, en vieillissant. Pour l'anecdote, on se régale de découvrir Ouvrard (!) en vieux gardien de prison. Attention, ce n'est la nostalgie qui nous pousse a encenser ce film. Au contraire même, Truffaut a su donner un rythme et écrire des dialogues d'une totale modernité. A redécouvrir d'urgence. Pisse froid s'abstenir.
Une belle fille comme moi est une sympathique comédie agréablement interprétée et d'un ton joyeux et gentillement moqueur. Bernadette Laffont apporte sa sensualité à la coquine héroïne que nous ne parvenons pas à détester malgré ses nombreux défauts, elle a le don de faire tourner la tête de tout les mâles qu'elle croise (souvent pour leur malheur, ah la chair est bien faible) et même ce pauvre et sympathique sociologue (joué par André Dusollier dans ses débuts) qui étudie son cas en prison dont l'innocente naïveté lui sera fatale. La fin est injuste mais le film est bon.