L’avantage avec Lelouch c’est qu’il y a un peu de tout dans sa filmo prolifique. Du bon, du moins bon, des comédies, des drames, bref, comme dans une bonne brocante on peut tomber sur la perle rare et sur l’arnaque du siècle. Tout ça pour ça tire malheureusement vers cette seconde catégorie !
Malheureusement car d’une je préfère qu’un film de presque 2 heures me séduise (la vie est trop courte !), de deux car lorsque j’aime des acteurs comme Alessandra Martines je préfère les voir dans des films qui peuvent me séduire. Et ici ce n’est pas le cas.
D’abord car l’histoire est d’une grande médiocrité. Lelouch entremêle avec une maladresse terrible deux histoires (celle des trois pied-nickelés de la scène d’ouverture et celle de deux couples confronté à l’adultère). C’est mal fait, sans fluidité, on passe de l’une à l’autre avec un manque de finesse qui confine à l’amateurisme, et le pire c’est que Lelouch n’en tire rien d’autre qu’une réflexion outrageusement convenu sur l’amour sous ses diverses formes. L’humour est grotesque (sous la tente c'est pathétique), la narration est débilitante, le final est un gros morceau de n’importe quoi (on se demande si Lelouch n’était pas sous LSD pour craquer à ce point), et surtout, ce que c’est vain. Il ne se passe strictement rien d’autres que des lieux communs ou des situations grotesques censées, peut-être, faire oublier le quelconque du fond. Pour la partie aux sports d’hiver on frôle l’inanité, le film semblant mourir de lui-même !
Alors certes, le casting est impressionnant, mais il impressionne surtout de loin. Il y a beaucoup trop de personnages principaux pour que le réalisateur puisse leur donner une importance similaire. Clairement Lelouch s’attarde sur ses deux couples, c’est-à-dire Luchini, Huster, Martines, Marie-Sophie Lelouch. Dans la partie « pieds-nickelés », j’ai surtout retenu Gamblin entre un Lindon et un Darmon un peu timides. Luchini emporte tout sur son passage. Survolté, on ne peut pas dire que Lelouch l’ait gâté avec un rôle souvent ingrat, mais l’acteur s’en donne à cœur joie, et parvient à sauver quelques scènes tout en acceptant de se ridiculiser dans d’autres. Il fait face à un Francis Huster nettement moins à l’aise, à une Marie-Sophie Lelouch toute malicieuse et bien agréable et une Alessandra Martines qui surprend agréablement et qui illumine l’écran. Beau casting sur le papier, si le rendu est inégal reste que c’est le bon aspect de Tout ça pour ça. Les interprètes sauvent parfois des personnages peu intéressants.
Formellement rien de spécialement marquant. Quelques belles scènes aux sports d’hiver, mais dans l’ensemble une mise en scène sans punch et purement alimentaires, des décors très neutres, et une photographie grisâtre peu attrayante. Lelouch ose de temps à autres quelques séquences délirantes (la danse nue de Martines), mais c’est tellement improbable, soudain, mal amené, que ça ne rajoute qu’à l’aspect nanar de ce film qui n’a parfois pas peur du grotesque involontaire. Même la bande son, « surprenante », aura de quoi déconcerter dans le mauvais sens du terme. Le début sur fond de « Barry White » du pauvre annonce du lourd !
Tout ça pour ça porte bien son titre. Pourquoi 2 heures pour arriver à cela ? Lelouch signe probablement un de ses pires films, ne parvenant à exister que sur quelques numéros d’acteurs dont on se demande, si ce n’est par amour ou amitié, ce qu’ils sont venu faire dans cette galère sans humour, sans drame, bref, sans relief. 1