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Caine78
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4,0
Publiée le 23 mai 2018
Pas de doute : la personnalité de Robert Siodmak se fait rapidement ressentir quant à l'aspect sombre et assez pessimiste régnant tout du long sur l'œuvre, avec des personnages bien dessinés et ayant un rôle essentiel à jouer, à l'image de ce séduisant quatuor aussi différent que complémentaire. Sous l'apparence souvent tranquille se cache ainsi quelque chose d'assez malsain, voire pervers, que le réalisateur rend particulièrement troublant quant à la relation entretenue par George Sanders et la très belle Geraldine Fitzgerald. Le cinéaste a le sens de la mise en scène, du récit pour passer d'un registre à un autre, de la légèreté à la gravité avec beaucoup de maîtrise et d'allant. Reste cette dernière partie : je la trouve franchement audacieuse et assez remarquablement menée, avec là encore ce qu'il faut de noirceur et de complexité, mais spoiler: mis à mal par un dénouement en totale contradiction avec tout ce qui avait pu être développé jusque-là (la censure avait, hélas, encore frappée! ). Cela empêche de rester sur une impression très positive, mais il serait regrettable de passer à côté de ce beau Film noir, subtilement vénéneux dans la peinture qu'il dresse pour emporter (en grande partie) l'adhésion. Séduisant.
Depuis le succès des « Mains qui tuent » réalisé en 1944, Robert Siodmak qui végétait un peu depuis son arrivée à Hollywood en 1941, semble avoir trouvé sa voie avec le film noir. Avant de réaliser son premier chef d’œuvre avec « Les tueurs », il continue de rôder sa mise en scène avec « The Strange Affair of Uncle Harry » tiré d’une pièce de Thomas Job. De son côté , George Sanders arrivé à Hollywood en 1936 est un second rôle très en vogue que les studios aiment employer pour son charme très british et son adaptabilité à tous les emplois. Après plus de quarante-cinq films à son actif, il n’arrive toutefois pas à monter dans la catégorie supérieure auprès des Ray Milland ou Charles Boyer qui officient dans le même registre . Les premiers rôles sont donc peu fréquents quoiqu’il ne déçoive jamais. L’occasion lui est donnée sous la direction de Robert Siodmak de montrer encore une fois qu’il est à sa place en tête d’affiche. Il interprète un vieux garçon avec vivant ses deux sœurs, héritiers déchus d’une riche famille ruinée par la crise de 1929. Ne reste plus à Harry Melville Quincey que la belle demeure où il demeure avec ses deux sœurs tout en occupant un poste de dessinateur dans l’usine familiale passée dans d’autres mains. La routine s’est installée dans le foyer pour Harry qui doit supporter les sautes d’humeur de sa sœur Lettie (Geraldine Fitzgerald) simulatrice et manipulatrice qui semble nourrir à son égard des sentiments assez troubles que le code Hays en vigueur ne permet pas d’expliciter davantage. L’arrivée dans l’usine de la styliste Deborah Brown, interprétée par Ella Rains que Siodmak connaît bien, va bouleverser l’ordonnancement des choses quand Harry va tomber amoureux. La liaison naissante va voir de nombreuses embûches lui barrer la route promise jusqu’au mariage. L’intrigue plutôt habilement construite du film se noue autour de cette difficulté qui va mettre en lumière la personnalité plutôt versatile d’un Harry formidablement interprété par George Sanders. Robert Siodmak ne déploie pas de manière aussi magistrale la perversité et le suspense qu’il saura diffuser dans ses meilleurs films noirs, n’utilisant pas pour le coup aussi bien qu’il l’aurait pu le faire une Ella Rains à la palette de jeu très étendue qui aurait dû lui permettre une carrière plus brillante. C’est le petit regret qui transpire de ce film toutefois très solidement construit et divertissant avec une Geraldine Fitzgerald parfaite en sœur névrosée incapable de voir plus loin que la petite circonférence de son nombril.
On croit avoir avoir à des disputes familiales naïves et c'est une vraie machination qui se met en place jusqu'au final qui nous apprend la vérité. C'est court et plein de suspense. Pas mal du tout
C’est vrai que pour de nombreux nouveaux spectateurs la minute finale gâche tout le scénario. Pour ma part j’aimerais pouvoir l’effacer de mon DVD. Elle peut même être considéré comme du mépris puisque aucun indice visuel ne peut la laisser prévoir ni même la soupçonner. Il faut alors savoir que ce fut le ‘’code Hays’’ qui obligea Siodmak à prolonger le film au delà de sa logique. Il le fit sans doute avec la plus mauvaise volonté possible. Une fois compris et admis, ce renseignement permet de juger le film avec sérénité. C’est la mise en scène qui compte avant tout, elle créait une atmosphère étouffante accentuée par l’ennui qui se dégage de la ville et de ses habitants dont les seules distractions sont les messes, l’ancienne maison de Washington et le base-ball féminin. George Sanders est éblouissant passant en douceur du statut de mollasson irrécupérable à celui d’assassin sans le moindre scrupule. Vu comme cela Siodmak est bien un des grands maitres du film noir.
Excellent huis clos avec un Georges Sanders vieux garçon à la fois soumis, torturé puis revanchard et entouré de 4 superbes actrices qui portent le film au top. La fin ne me pose pas de problème ! spoiler: Le retournement de la fin n'est qu'un rêve destiné à fuir la sordide réalité puisqu'on y retrouve la victime assassinée, Harry vient de s'endormir ou même peut-être a t il avalé le poison qu'on le voit renverser, ce n'est pas réellement un problème. Une perle noire.
Le twist final n'est pas très convaincant ou du moins n'arrive pas au bon moment, c'est dommage car autrement "The Strange Affair of Uncle Harry" serait un excellent film noir ; on doit se contenter d'un très bon film noir. Mais si on arrive à s'en contenter, on prend du plaisir à voir ce portrait très critique à l'égard de la vie d'une petite ville de province américaine où le conservatisme et la frustration sont maîtres. Pointe d'audace qui contraste fortement dans un cinéma américain très surveillé par une censure puritaine, le désir incestueux refoulé de la sœur envers son frère est très suggéré. Niveau casting, c'est du morceau de choix. Le toujours classe et élégant George Sanders est excellent en type trop bonne pâte qui veut sortir de sa vie abyssalement chiante, Ella Raines, belle et rayonnante à souhait, est un choix très pertinent pour le rôle de la femme désirable et désirée, et Geraldine Fitzgerald est glaçante en frangine castratrice, tellement convaincante qu'elle arrive même à avoir la part du lion au final (ce qui est loin d'être évident quand on est face à Sanders !!!). Intéressant pour sa distribution et pour son côté critique sur la médiocrité de la vie provinciale américaine.